Vivre à 20 ans une guerre perdue

L’AGONIE DE STALINGRAD... AUTRES EVENEMENTS DE L’HIVER 1943

En recoupant les renseignements radiophoniques de Radio Paris et de ceux de Londres, nous connaissons avec une relative précision, la chronologie des fantastiques événements qui s’inscrivent en lettres de feu et de sang à Stalingrad, pendant le premier mois de l’année 1943 !

Véritable épopée !

En janvier, la situation de la sixième armée de von Paulus, encerclée autour de Stalingrad, s'est aggravée de façon catastrophique, les troupes soviétiques maintenant leur pression autour du “chaudron”, et l'aviation allemande ne parvenant plus à la ravitailler.

Les Allemands, totalement isolés, commencent à manquer de munitions, d’essence, et même de vivres : La ration de combat est fixée à soixante-quinze gammes de pain par jour ! L'aggravation du froid et le manque d'effectifs font que l'on n'envoie à l'infirmerie que les soldats atteints de gelures au troisième degré ! Le moral des soldats est au plus bas, et l’on enregistre de nombreux suicides...

Une offre soviétique de reddition avec les honneurs, est faite le 8 janvier à von Paulus. Il la transmet à Hitler, qui donne l'ordre impératif de poursuivre le combat !

L’armée soviétique entame alors, sous la conduite du maréchal Joukov, une offensive générale sur Stalingrad. Les combats sont si violents que les quelques vivres parachutés jusqu'au 22 janvier ne pourront être récupérés par les Allemands.

Von Paulus télégraphie alors :

-“ Munitions presque totalement épuisées. Attendons les ordres ”.

Hilter ordonne de continuer les combats.

Les Soviétiques réussissent à creuser une brèche au sein même de la 6e armée... Von Paulus redemande plusieurs fois à Hitler l'autorisation de capituler, la bataille étant irrémédiablement perdue.

Le 25 janvier, les troupes soviétiques réussissent à couper la sixième armée en deux, et se préparent à l'offensive finale.

Considérant que jusqu'à présent aucun maréchal allemand ne s'est rendu vivant face à l’ennemi, Hitler nomme « in extremis » le général von Paulus maréchal ! Von Paulus doit se suicider plutôt que de se rendre !

Le 31 janvier, des chars soviétiques entourent le PC allemand.

Von Paulus se rend alors, avec ce qui reste de ses troupes...

Sur les 600.000 soldats au début de la campagne, n’en restait que 270.000 fin décembre, enfermés dans Stalingrad.

90.000 hommes, 2.400 officiers, vingt-quatre généraux allemands et roumains vont mourir de privations et de froid (- 31° !). 40.000 autres encore avant la chute de la ville, 34.000 sont blessés, 7.000 ont pris la fuite.…

Seulement 6.000 reviendront de captivité...

Cette reddition sur le champ de bataille de l’une des meilleures armées allemandes, pour la première fois de ce conflit, résonnera dans le cœur de tous les Français, comme le glas de l’invincibilité nazie !

Hitler en appellera alors à la “guerre totale” !

Sur ces entrefaites, on apprend l’existence clandestine d’un mouvement d’opposition au nazisme : Deux allemands sont arrêtés à l'université de Munich, alors qu'ils distribuaient des exemplaires de “ La Rose blanche ”, une libelle résolument anti-nazi, où l’on pouvait lire littéralement :

-“Avec une certitude quasi mathématique, Hitler conduit l'Allemagne dans un gouffre. Il ne peut pas gagner la guerre, alors il la prolonge ! Sa responsabilité morale et celle de ses séides ont passé toute mesure... Le banditisme ne peut donner une victoire à l'Allemagne. Séparez-vous de Hitler, pendant qu’il est encore temps ! ”

Sur le front de l’Afrique du nord, survient un autre revers allemand : Le 25 février, Rommel – depuis la Tunisie - engage la meurtrière bataille du col de Kasserine qui défend l’accès de l’Algérie, sans succès.

A la mi mars, à l’est, tentative de réaction des armées allemandes : Un groupe d'armées reconstitué, repousse deux armées soviétiques au-delà du Donets, puis reprend les villes de Kharkov (le 14) et Bielgorod.

Pratiquement, l'armée allemande décimée se retrouve sur ses positions de l'été 1942... Par contre, l'armée soviétique, inépuisable de ressources, se renforce en hommes et en matériel provenant de ses usines réinstallées dans l'Oural.

Staline, qui a cru aux promesses faites par Churchill le 9 février 1942 - Fin de la campagne d'Afrique en avril, débarquement en Italie en juillet, et en France en août - se rend compte maintenant que celles-ci ne pourront être tenues… Et que l'URSS continuera de supporter, seule, l'essentiel des efforts exigés par la guerre contre l'Allemagne !

Mais il craint surtout que ses alliés occidentaux - qui soutenaient déjà trois ans auparavant la Finlande contre lui, et qui se méfient de lui comme lui-même se méfie d'eux – attendent que son pays soit à genoux, pour intervenir… Obtenant ainsi par la même occasion, la destruction de l'Allemagne nazie, et l’anéantissement de la Russie bolchevique !

Alors, dans une lettre adressée à Roosevelt, qu'il sait moins hostile au communisme que Churchill, Staline écrit :

-“ Le manque de clarté de votre réponse quant à l'ouverture d'un second front en France, a provoqué ici une inquiétude que je ne saurais vous cacher...

Il ira même jusqu'à parler de “ trahison ”…


Pourtant, en Tunisie, les troupes allemandes et italiennes sont réduites à la défensive. Les soldats de l'Axe, découragés, appellent leurs positions tunisiennes “Tunisgrad” – allusion à Stalingrad de sinistre mémoire - en raison de leur précarité et de leur fatalité de reddition.

Le 10 mars 1943, le maréchal Rommel demande à Hitler l'autorisation d'évacuer ses troupes sur l’Italie. Le Führer lui oppose un refus formel. Il le récompense de ses services en lui décernant plusieurs décorations… Mais il le prie de partir en cure thermale !

Son successeur, le général von Arnim tente de reprendre en main une situation très compromise. Mais il doit bientôt abandonner la position fortifiée de la ligne Mareth devant l'attaque des forces de Montgomery, déclenchée le 27 mars, tandis que les forces américaines avancent vers le centre de la Tunisie sans rencontrer la moindre résistance.

Le 13 avril, découverte près de Katyn par les allemands, d'un charnier contenant les corps de 4000 officiers polonais. Les Russes sont accusés de ce massacre.

Forteresse volante quadrimoteur de fabrication anglaise, « Lancaster ».

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Maurice NONET
Dernière modification le : March 02 2007 13:35:03.
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