Vivre à 20 ans une guerre perdue

LE COLONEL COMTE VON STAUFFENBERG

Pour essentielle et déterminante pour la France - qui se prend à espérer la délivrance après quarante huit mois d’occupation allemande - la guerre se poursuit inexorablement sur tous les autres fonts, ainsi qu’au sein même des Hauts Etats Majors nazis.

En particulier en Allemagne, où certains dignitaires du régime commencent à douter sérieusement de l’issue du conflit...

Depuis la timide tentative du mouvement “ Roses Blanches ” de 1942 qui avait tenté de désolidariser le pays du régime hitlérien, en 1944, la conjuration s’est fortement structurée en raison de la situation dramatique dans laquelle se trouve l’Allemagne.

Londres avait laissé entendre que le maréchal Rommel lui-même – auquel Hitler avait durement reproché de ne pas avoir su rejeter à la mer le débarquement des forces alliées le 6 juin - serait passé du rôle d'exécutant à celui d'opposant au régime national socialiste…

Mieux ! Le bourgmestre de Stuttgart et son chef d'état-major l’auraient convaincu à se joindre à un mouvement de résistance anti-nazi qui s'est développé dans les territoires occupés d'Europe de l'Ouest, en vue de prendre secrètement contact avec les Américains, afin de demander un armistice !

Par ailleurs, revenu mutilé avec un œil et une main en moins de la campagne de l'Africa Korps commandée par le même général Rommel, le colonel comte von Stauffenberg est présentement chef d'état-major de l'armée de réserve allemande. Il participe depuis plusieurs mois à un mouvement de résistance anti-nazi, qui compte aussi dans ses rangs le général Ludwig Beck, plusieurs officiers de la Wehrmacht et des personnalités civiles.

L’objectif du mouvement est de faire la paix au plus vite, sur le front Ouest tout au moins.

Persuadé que la mort d'Hitler est indispensable à la réussite du projet, von Stauffenberg prépare, avec quelques proches, un attentat contre le Führer !

L'armée de réserve qu’il commande, devra, après la mort du dictateur, occuper les positions clé de l'Allemagne, et mettre les SS et les autres organisations nazies hors d'état de nuire.

L'ensemble de l'opération porte le nom de code de “Walkyrie”.

Von Stauffenberg est indispensable à la réussite de l'attentat, car il est le seul à pouvoir approcher Hitler lors des réunions d'état-major. C'est sur lui que repose toute l'affaire, pour laquelle il doit utiliser une bombe, sa main droite perdue l'empêchant de sortir suffisamment rapidement un revolver.

Les 6, 11 et 15 juillet, von Stauffenberg doit surseoir à la mise à feu de la bombe qui se trouve dans son porte-documents, les conditions idéales n'étant pas réunies...

Von Stauffenberg prend l'avion, le 20 juillet pour se rendre au quartier général d'Hitler à Rastenburg, en Prusse orientale. Le dispositif retard de mise à feu mis en route, il dépose son porte documents sous la table, près des jambes du Führer, puis il quitte la réunion du Quartier Général pendant les discussions, et rentre à Berlin.

Malheureusement, la serviette abandonnée, qui gêne un officier, est déplacée, si bien qu'Hitler n'est plus aussi directement menacé...

Cependant, lorsque la bombe explose, à 12 h 42, von Stauffenberg est convaincu qu'Hitler est mort.

En effet, quatre membres de l'état major sont tués, sept autres sont grièvement blessés... Mais, miraculeusement - c’est d’ailleurs ce qu’il affirmera ultérieurement - Hitler est épargné !

Il reçoit dans l'après-midi son complice Mussolini, accouru aux nouvelles.

Les communications avec Berlin sont interrompues, sauf une ligne spéciale de la SS. A Berlin, rien ne se passe, hormis l'état d'alerte transmis aux troupes allemandes.

Stauffenberg est déjà recherché.

Lorsque les conjurés commencent à réaliser leur plan, quatre heures après l'attentat, il est déjà trop tard.

C’est alors que le général Fromm, l’un des conjurés, apprend qu'Hitler est vivant !

Après une conversation avec Hitler, le chef des troupes de Berlin, le major Remer, décide de combattre les conjurés. Arrêté par des officiers fidèles à Hitler, Fromm dénonce les responsables du complot. Le général Beck se suicide. Von Stauffenberg, le général Olbricht et trois autres officiers sont fusillés le soir même.

Les partisans du renversement nazi sont arrêtés à Vienne, à Cassel et à Paris, où ils avaient réussi à faire prisonniers les chefs de la police.

Dans un discours à la radio, Hitler s'empresse de rassurer le peuple allemand : -« Il vit toujours et il promet que les responsables de l'attentat - “une clique d'officiers bornés et criminels” - seront impitoyablement éliminés.

Quelques conjurés seulement réussiront à échapper aux SS et à la Gestapo. Plusieurs officiers généraux se suicident.

Un tribunal d'exception est réuni par Hitler sous la présidence de Roland Freisler, l'avocat général de la Cour de Berlin. Le général Fromm, accusé de ne pas avoir révélé les intentions des conjurés, est exécuté dans sa prison.

Une commission de 400 enquêteurs fait arrêter 7000 personnes. 145 condamnations seront exécutées.

Les familles de von Stauffenberg, Goerdeler et Dohnanyi, sont envoyées en camp de concentration, en application d’une loi d’exception décrétant de la « responsabilité pénale collective », qui implique celle des familles des conjurés, hommes, femmes et enfants !

Lors de la projection cinématographique des actualités allemandes, Hitler apparaît physiquement très affecté par les conséquences de l’attentat auquel il a échappé par miracle. Il semble que son bras droit est paralysé, qu’il a maigri et que ses traits se sont creusés.

Mais ce qui frappe surtout, c’est son état d’agitation extrême, son exaltation, l’expression de son regard hagard et fanatisé...

On saura plus tard que sa paranoïa a atteint un degré voisin d’une sorte de démence imaginative et tyrannique, pour son entourage.

Il est par ailleurs devenu insomniaque.

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Maurice NONET
Dernière modification le : March 02 2007 13:43:54.
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