Mais tous ces événements - pour très importants qu’ils soient- ne distraient pas un instant les français de ce qui se passe en Europe de l’est, car tout le monde pressent que c’est là, que se joue le sort de la guerre !

A la fin de l’automne, l’ouragan de feu des armées allemandes déferlant vers le sud de la Russie semblait avoir atteint leur point culminant lors de l'approche de Stalingrad par le groupe d’armées du général Paulus. Pourtant, il semble que les combats en ce secteur n’aient pas été aussi déterminants que ceux de l’année précédente.

Je me souviens des images des actualités cinématographiques d’alors, qui montraient des centaines de milliers de soldats russes, déguenillés et seulement armés d’un fusil, d’engins d’artillerie hippomobiles démodés, de blindés fragiles et désuets… Or aujourd’hui, les films du front de la R.K.O. allemande, montrent de toutes autres scènes !

L’adversaire est maintenant parfaitement équipé d’armes les plus modernes. Outre le matériel récemment livré par les américains, les usines russes transférées au delà de l’Oural et en Sibérie semblent avoir fourni des équipements de haute technicité et performants, pour le moins comparable à celui utilisé par les allemands.

Il est même fait allusion à des engins typiquement soviétiques tels que les nouveaux chars blindés T.32, des avions Antonov et Iliouchine aux performances inquiétantes. Ainsi que l’apparition d’un nouvel engin d’artillerie : Les orgues de Staline, les “ katouchias ”, batteries de 24 à 36 tubes jumelés, capables de déverser sur l’ennemi, en une minute, l’équivalent de projectiles d’une batterie de quatre canons de 200 millimètres en une demie heure !

J’ai réussi à me procurer une grande carte de l’U.R.S.S., qui comprend l’immense Sibérie, et je saisis mieux la stratégie de Staline qui dispose d’espaces infinis. Et je m’explique mieux les difficultés de l’état major nazi confronté au problème de l’étirement de ses moyens de communications, notamment en face de Stalingrad, qui semblait cependant, en novembre, à portée de main de l’armée du général Paulus.

Or, le 22 de ce mois, radio Londres annonce une nouvelle prodigieuse ! Deux armées russes appelées en renfort de Sibérie vers le secteur de Stalingrad, auraient contourné par l’est le sixième corps de bataille allemand qui assiège la ville, et qui serait ainsi désormais coupé de ses arrières !

D’assiégeants de Stalingrad, les forces nazies étaient devenues elles mêmes assiégées, et prises entre deux feux. Un certain maréchal Joukov - dont on ignorait le nom jusqu’alors -dirigerait la bataille.

Une excellente nouvelle n’arrivant jamais seule, à la même période, on apprend qu’avec l’approche de l’hiver, les maréchaux Rokossovki et Boulganine, ont déclenchés sur les autres fronts, la contre offensive générale russe !

Tous les auditeurs de la “ Voix de la France Libre ”, comprennent que l’on vit un moment historique : Celui du reflux vers l’ouest de l’ensemble des armées allemandes !

Stalingrad sera pour l’Allemagne nazie ce qu’avait été la bataille de Verdun pour l’Empire Germanique lors de la première guerre mondiale, un tournant de la guerre.

Stalingrad, au nom symbolique lié à la gloire du maître actuel de l’U.R.S.S., va faire son entrée dans l’histoire en lettres de sang ! Des sommets d’héroïsme s’inscriront de part et d’autre. La résistance allemande, en raison de l’interdiction de reddition imposée par Hitler, sera sublime en dépit de températures de moins vingt degrés, mais vaine.

Finalement, le général Paulus - qui a été promu Maréchal pendant le siège - capitulera le 3 février 1943.

Sur les 700.000 hommes engagés fin octobre, 6.000 seulement regagneront leur foyers à la fin de la guerre !

Journée de deuil national en Allemagne. Défaite prémonitoire pour le Führer dont les rêves hégémoniques sont en passe de s’écrouler...

De ce jour, le glaive de la victoire changera de main.

A terme, la défaite des armées hitlériennes est programmée : La retraite des armées allemandes vers l’ouest, face aux hordes soviétiques, ne s’interrompra plus.

Quels mondes nouveaux vont enfanter ces combats de titans ?

La 7ème armée a capitulé à Stalingrad. Le feld-maréchal Friedrich Von Paulus est conduit vers son lieu de détention par des officiers soviétiques.