Aime-moi Mamour

CHAPITRE I
DEJA MON DEUXIEME QUART DE SIECLE !

14 PLACE FERRER A AVION

Ma vie compte déjà vingt cinq années ! J'y réfléchis dans le train qui me ramène de Toulouse, lieu malheureux où mon grand amour s'est brisé avec la disparition mystérieuse de celle avec laquelle j'avais rêvé de lier ma vie...

J'ai l'impression d'être parvenu au terme d'un très long et très périlleux voyage de cinq années... Cinq ans d'une guerre atroce comme jamais la France n'en avait encore connue, cinq ans de dangers pour ma vie, de risques pour ma liberté...

Que faire maintenant, alors que je suis sans enthousiasme, sans projets exaltants, sans amour, et conscient que je serai désormais incapable d'aimer vraiment ?

Mes pensées se tournent alors tout naturellement vers le refuge et le réconfort de la tendre affection de la famille d'Y. V., vers le petit atelier de confection que j'ai su animer...

Bien décidé à ne jamais rien révéler de ma malheureuse aventure sentimentale, et à garder pour moi seul, mon douloureux secret.


En fait, depuis quelques mois je ne suis plus rue Pasteur à Liévin… L'importance de l'atelier est devenue telle qu'il m’a fallu chercher un local plus vaste. Une bonne opportunité s'est présentée dans la location d'un grand café, fermé depuis la guerre, dont le propriétaire alsacien a fui la région après la défaite de 1940.

Grande construction avec une large porte cochère, dont les cinq chambres du premier étage avaient du avoir vocation d'hôtel, complétée par un bâtiment en "L" sur deux niveaux servant d'appartement, et prolongé par un autre de deux cents mètres carrés. Le loyer était très raisonnable.

Avion, comme Liévin, est une de ces villes qui doivent tout à la Mine. Située à 5 kms de Lens, elle me permet de garder mes anciennes ouvrières, particulièrement celles du gentil duo "Aime-moi, mamour, comme je t'aime...".

Les affaires deviennent florissantes, car on ne manque ni de commandes, ni de matières premières, grâce à mes relations dans le textile. L'atelier compte maintenant une vingtaine d'employées, et il bourdonne comme une ruche.

Enfin, nouveauté extraordinaire, j’ai le rare privilège en ces temps d’extrême pauvreté , de posséder depuis peu ne voiture !

1945...

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Maurice NONET
Dernière modification le : February 27 2007 16:26:02.
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