Aime-moi Mamour

REFLEXIONS PERSONNELLES A PROPOS DE L'ALGERIE. EVENEMENTS 1958

Parvenu en cette fin d’année 1958, si riche en événements de toutes sortes, surtout au niveau de l’Algérie française, j'éprouve le besoin de faire une pause pour tenter de d’analyser mon état d'esprit d'alors…

Ce retour en arrière m'apparaît utile, afin de comparer mon opinion d'alors, avec les développements qui vont surviendront, trente ans plus tard…

Utile peut être aussi à mes petits-enfants, oublieux de l’histoire de leur patrie, anesthésiés par les délices du confort et de la sécurité des temps actuels.

Pour tenter de leur faire comprendre combien notre défaite face à l’Allemagne de Hitler, suivie de nos abandons coloniaux - Indochine, Tunisie, Afrique équatoriale - avaient traumatisé mes contemporains – et moi-même !

Constatant que nous étions les successeurs impuissants des conquérants qu'avaient été hier, nos pères et nos grands-pères… Conscients d'avoir dilapidé un héritage prestigieux…


Donc, quels sont mes sentiments sur ces sujets, et notamment sur la situation en Algérie en cette fin d’année 1958 ?

Par mes racines, par ma formation familiale patriotique, je suis sincèrement et profondément affecté par la perte de notre prestige de grande puissance coloniale depuis la fin de la deuxième guerre mondiale, par nos abandons successifs depuis celui de l’Indochine…

Concernant ceux-ci, j’ai nettement l’impression que mon pays a été lâché,"trahi" même par nos anciens alliés les U. S.A., l’Angleterre et l’ U.R.S.S. !

Surtout par les Etats-Unis qui nous ont refusé leur soutien en Indochine, et récemment en Algérie. Principalement me semble-t-il, depuis que nos ingénieurs ont découvert de fabuleux gisements de pétrole dans le sud saharien... Aujourd’hui il est évident que nos anciens alliés n’intriguent contre nous...

Alors, faute de soutient international, je m’inquiète sur le sort du million et demi de Français qui vivent sur le sol algérien...

Quand je songe à la France glorieuse, l’une des principales puissances du monde, que m'avait léguée mes ancêtres, je suis infiniment désenchanté.

Car il est évident qu’en 1958, le sentiment patriotique s'est beaucoup atténué...

Pour les nouvelles générations, l'idée d'envisager de "mourir pour la patrie", "pour le drapeau", est devenue aléatoire… Leurs motivations essentielles sont la recherche passionnée des biens de consommation, le souhait de travailler le moins possible tout en gagnant toujours plus d'argent, et un esprit de jouissance.

L'idéal pour elles, consiste à vivre le plus aisément possible, sans contrainte ni devoirs, et tant pis pour tout le reste !

Cela explique l’acceptation majoritaire de nos abandons en Indochine, Tunisie, et de notre désengagement en Afrique noire... Demain, je le pressens, il en sera peut être de même pour l'Algérie !

Tous les jeunes ? Non ! Je suis injuste !

Il y a encore de vrais Français prêts à faire leur devoir, tout leur devoir, et qui sont en train de le faire ! Comme ceux qui actuellement combattent dans les massifs de l'Aurès et en Kabylie. Ceux là sont des jeunes hommes héroïques, bien dans la tradition de notre histoire, dont je suis fier, et dans lesquels mon père se serait reconnu !

Mais malheureusement, ils sont loin d'être la majorité…

Celle-ci écoute les sirènes défaitistes de la politique de gauche, et aussi toutes leurs promesses démagogiques...

La preuve ? Treize ans après la fin de la seconde guerre mondiale où nous avons failli perdre notre identité nationale, près d'un électeur français sur trois, a encore voté en 1957 pour le parti communiste ! Cent cinquante députés communistes siégent à l'Assemblée, prêts à obéir aux ordres de Moscou !

Situation extravagante qui ne peut s'expliquer que par la faiblesse congénitale du régime démocratique basé sur le suffrage universel, où chaque électeur inscrit bénéficie d'office d'une voix, quelle que soit sa qualité, son intelligence, sa culture, ou encore ses défauts : ignorance, incapacités, asociabilité !

Régime démocratique représentant pourtant la seule forme politique envisageable. Celle qui évite la pire… Ma génération se souvient dans sa chair des expériences totalitaires qui avaient donné l'impression, un moment, de devoir dominer l'Europe ! Expériences payées au prix de trente millions de victimes !

Or en 1957-58, conséquence paradoxale de notre démocratie actuelle, le parti communiste français est une authentique antenne politique de l'Internationale marxiste, dont la capitale est Moscou !

Moscou où règne, depuis près de trente ans, sur deux cents millions de ressortissants, le plus puissant des régimes dictatoriaux ! Responsable de la mort brutale ou silencieuse - par exécutions, déportations ou camps de concentration en Sibérie - de plusieurs dizaines de millions d'opposants, adversaires ou supposés tels ! Qui conduit d’une main de fer la plus importante puissance militaire et coloniale du monde : L’U.R.S.S. !

L’U.R.S.S. dont le seul vrai noyau national russe ne représente que le dixième des territoires de l’actuelle U.R.S.S., agrandie de ceux annexés - véritable kaléidoscope de races, religions, histoires, langues - tels que l’Ukraine, la Lettonie, l’Estonie, la Lituanie, ou l’Azerbaïdjan, la Mongolie et tant d’autres ! Sans parler des colonies que constituent les pays satellites d'Europe de l'Est, sous l'autorité de gouvernements fantoches imposés par Moscou.

Or, c'est justement le Parti communiste "français" qui s’oppose de la façon la plus virulente, à notre présence coloniale, d’abord en Indochine par le refus d’envois de renforts, et maintenant en Algérie par des incitations à la sédition !

Cette contradiction fondamentale ne choque pas la clientèle électorale de gauche ! Au contraire, par une adroite propagande qui flatte l'esprit de jouissance, le souhait de travailler le moins possible et le désir de gagner davantage, le parti de Moscou s'est facilement rallié le tiers de l'électorat français...

Disposant de plus de cent cinquante députés, susceptibles de faire et défaire les gouvernements, il a œuvré hier pour notre défaite en Indochine, et aujourd'hui il agit de la même pernicieuse manière, pour l’Algérie...

Et pour mieux sévir, il va utiliser une nouvelle stratégie, plus dangereuse encore : L'incitation à la désobéissance des jeunes, appellés à remplir leurs obligations militaires ! Au blocage des gares et ports d'embarquement. A l'insubordination sur le front. Il fera même appel à l'amour maternel des mères, pour qu’elles refusent l'incorporation de leur fils... Poignardant ainsi dans le dos, l'ensemble loyal de l'armée combattant dans les Aurès !

Cette scandaleuse politique portera ses fruits, en dressant les Français les uns contre les autres. En faisant et défaisant les majorités à l'Assemblée Nationale. En insinuant le doute sur l'utilité et la finalité des combats. En faisant naître le mythe de la "sale guerre coloniale" !

Suis-je bien placé pour jouer les censeurs ? En ce début de 1958, fort de mes bientôt quarante ans, tout à mes affaires et à mes problèmes, appétits et ambitions, je dois reconnaître que personnellement, l'idée d'offrir personnellement ma vie pour sauver l'Algérie, ne m'effleure absolument pas !

Mais est-ce mon rôle et ma place? J'ai le sentiment d'avoir payé ma part de sacrifices à l'histoire de mon pays : Quatre ans d'occupation, les misères et les restrictions de la défaite. Les sévices de la Gestapo. Les risques des bombardements pendant deux ans. Les risques de partir travailler en Allemagne... Tout cela me semble suffisant ! Aujourd’hui, c'est au tour des hommes des générations suivantes de prendre le relais.

Or, j'ai l'impression que certains d’entre eux ne remplissent pas toujours leur devoir avec tout l'enthousiasme et l'esprit de sacrifice voulus... Je crois comprendre que certaines des unités du contingent qui accomplissent leur service militaire en Algérie, n'ont pas toutes la même combativité, le même esprit de sacrifice ! Des bruits d'insoumissions circulent...

Pauvre France !

De plus, il est maintenant évident que nos gouvernements actuels n'ont pas retenu les leçons de nos échecs en Indochine. Echecs qui avaient démontré que dans ce type de conflit, l'urgence d'intervenir massivement dès le début avec plusieurs centaines de milliers d'hommes, et d'être animé d'une farouche volonté d'aboutir, étaient indispensable ! Puis, la rébellion matée jusque dans ses racines, pacifier avec générosité.

Or, à l'évidence, aujourd’hui nos hommes politiques refont, par indécision politique, les mêmes erreurs en Algérie qu'en notre lointaine colonie indochinoise qui avait l'excuse de l'éloignement ! Stratégie militaire des "petits paquets", des opérations ponctuelles punitives...

Celles-ci laissent d'immenses espaces incontrôlés où l’insurrection peut se structurer par la terreur au sein d'une population au départ francophile, et abandonnant les ressortissants français isolés dans leurs exploitations agricoles, confrontés à un terrorisme aveugle, obligés d'assurer eux-mêmes leur défense grâce à des distributions d'armes ! Lent pourrissement de la situation qui, par le jeu de la spirale "attentats - vengeances", va en huit ans, rendre impossible la cohabitation de deux communautés habituées à vivre ensemble, dans l'harmonie et la fraternité, depuis plus de cent ans !

Véritable trahison de la France métropolitaine, devenue égoïste et oublieuse, envers ses ressortissants sur un territoire de notre empire colonial. Métropole qui, peu à peu, va se désintéresser et même abandonner cette autre France méditerranéenne !

Personnellement, j'éprouve pour l'Algérie les mêmes sentiments que mes grands-parents lorrains éprouvaient pour l'Alsace et la Lorraine. Pour cette terre d’Afrique, fertilisée par cinq générations de français, et qui était en passe de devenir un prolongement naturel de la France outre Méditerranée, riche de ressources pétrolières !

Or, les temps ne sont pas éloignés, me semble-t-il, où l'on va « brader » cette partie du territoire national, comme on avait « bradé » l’Indochine !


Bien sûr, je m’étais souvent interrogé depuis la guerre d'Indochine, sur la justification, morale, philosophique, politique, et économique, du maintien "à tout prix", par la force si besoin était, de la présence française sur ces terres lointaines ? Et aussi sur l'intérêt économique "réel" de notre présence en ces lieux ?

La justification philosophique et morale, d'une conquête coloniale, et sa conservation, ne me paraissait pas une évidence.

C'était le cas de l'Indochine et celles de nos conquêtes en Extrême Orient et Afrique noire, dont les pacifications avaient été justifiées à la fin du XIX ième siècle, pour des raisons politiques, stratégiques et commerciales, propres à l’histoire économique de l’Europe de cette époque.

En contrepoint de ces actions militaires brutales, les bienfaits de nos apports scientifiques, pédagogiques, économiques, et culturels, avaient été tout à fait évidents pour ce pays au fil des ans.

Mais il n'était pas toujours évident que ceux ci aient été suffisants dans l'esprit de ces peuples soumis – dont le passé historique et culturel était indubitable – je pense en particulier à notre Indochine – pour compenser la perte de leur individualité et indépendance nationale.

Aujourd’hui, quel pouvait être l'intérêt économique réel de la possession d’un empire colonial ?

Je suis conscient de ne pas disposer de suffisamment de connaissances et documents pour répondre à cette question. Mais je doute, surtout depuis 1946, que la balance économique de nos comptes en la matière, nous ait été favorable, compte tenu du coût de notre présence militaire devenue indispensable.

De même en Afrique équatoriale.

Mais pas en Algérie !

En Algérie où nous venions de découvrir par notre génie technologique et par nos engagements financiers, les fabuleux gisements pétrolifères d’Assi Messaoud, capables de subvenir à nos besoins énergétiques pendant plus de cinquante ans!

Ni dans certaines de nos colonies lointaines de l’Atlantique et du Pacifique, où l’intérêt stratégique était évident, et même indispensable au temps où la France était l'une des premières puissances maritimes mondiales : Nos marines de guerre et de commerce avaient besoin de bases privilégiées dans toutes les mers du globe, pour « charbonner », afin de pouvoir assurer l’intégrité des relations avec nos possessions d’outre mer.

Mais depuis 1945 et le partage du monde entre les deux "Grands", nous sommes devenus un état de second rang : Notre intervention militaire de Suez avait démontré la vanité d'une expédition non approuvée par les deux maîtres de l'univers !

Dans ce contexte, la possession de la base navale de Haiphong en Extrême-Orient, de Bizerte en Méditerranée, et Diego Suarez dans l’océan Indien, méritaient-elles encore des sacrifices financiers aussi considérables ? Cela me semblait douteux... D’ailleurs, avions-nous encore les moyens financiers d'une politique de grandeur et de prestige, conforme à notre tradition ? Certes plus !

L'enlisement et la prolongation de la guerre d'Indochine m'avaient semblé, en leur temps, inutile et inopportune. D’ailleurs, même sans l'échec de Dien Bien Phu, la suite des combats ne pouvait que conduire à l'impasse et au retrait de nos troupes, un jour ou l'autre.

Je pensais donc qu'il eût mieux valu se retirer à temps de ce territoire, comme avaient su le faire les Anglais aux Indes, ou les Hollandais à Java et Bornéo. Solution sans grandeur, mais réaliste.

Le cas de l'Algérie me semblait fondamentalement différent. Ce pays était devenu le prolongement naturel de la France au travers de ses trois départements d'Alger, Oran et Constantine. Tous trois peuplés depuis cinq générations par des Français viscéralement attachés à la terre qu'ils avaient arrachée au désert.

De plus, contrairement à toutes nos autres possessions, l'Algérie était devenue une colonie de peuplement : nos ressortissants représentaient de dix à quinze pour cent de sa population. Des Français à part entière, qui avaient fertilisé le pays, et qui ne pouvaient pas être abandonnés !

En conséquence, il me paraissait évident que cette guerre, qui n’était au départ qu’une opération de répression contre une minorité d'indépendantistes, devait être gagnée massivement et rapidement et à tout prix !

Et de manière exemplaire pour redonner confiance aux populations loyales, et affirmer ainsi aux yeux du monde, que cette contrée d'Afrique du Nord était une partie intégrante de la France, et que nous voulions y rester !

Mais, une fois encore, nous avions eu recours à la méthode la moins efficace : Celle qui avait consisté en des opérations punitives minimales, dispersées, ponctuelles, avec des effectifs réduits, sans jamais démontrer un véritable esprit de décision.

Il aurait fallu, dès le début des troubles, en plus des troupes régulières déjà sur place, transférer sur le sol algérien la totalité du contingent, soit environ 600.000 hommes, dont la seule présence conséquente, aurait dissuadé la rébellion minoritaire, et rassuré le loyalisme majoritaire de l'ensemble des populations.

Le choix de cette politique militaire minimale d'économie à court terme, laissera aux nationalistes la possibilité et le temps de se renforcer et de s’organiser.

En dépit de cette aggravation de la situation, j'étais encore partisan, en 1958, d'un effort vigoureux de notre armée, dut-on rappeler une ou deux classes de réservistes, pour réduire définitivement et rapidement les rebelles indépendantistes. Nous en avions les moyens, humains et matériels.

C'est dans ce contexte que j’avais accepté, contre mon gré, comme une nécessité - parce que l'effort de l'armée en Algérie était absolument prioritaire et que l'on ne pouvait pas se battre sur trois fronts à la fois - l'abandon en 1956 de nos deux anciennes possessions nord africaines : Maroc et Tunisie, qui elles, n’étaient pas des colonies de peuplement.

L’arrivée au pouvoir du Général de Gaulle avait confirmé tous mes espoirs. Je serai de ceux qui crurent candidement en sa phrase célèbre :

-« Français d’Algérie, je vous ai compris !

Son autorité, son incontestable patriotisme et sagesse, son attitude olympienne, m'impressionnèrent : La France avait trouvé un chef militaire et politique respecté, qui allait galvaniser l’armée, et museler les communistes qui nous avaient fait tant de mal !

Pourtant, au cours du deuxième semestre 1958, apparurent les premiers doutes sur ses intentions secrètes... Une ambiguïté de langage, notamment au cours de ses voyages en Afrique équatoriale, du genre :

-« …la reconnaissance solennelle de la légitimité des aspirations des peuples à l'indépendance...

J'y percevais une contradiction avec la fermeté de ses propos précédents. Au point de m’interroger : De Gaulle, à propos de l’Algérie, était-il bien l'homme providentiel que l’on avait espéré ?

Certes, je ne me faisais pas d'illusion sur notre présence à très long terme dans ce territoire d'Afrique... J'avais trop présent à l'esprit, gravée dans ma mémoire, la définition de la notion de "Patrie" telle que j’avais apprise par cœur dans mon petit manuel d’ « Education Civique » aux temps de mon Certificat d'Etudes Primaires :

« Patrie : Pays peuplé par des habitants ayant en commun la même origine, la même histoire, la même, langue, la même religion, les mêmes traditions. »

Or, à l'évidence, cette définition ne correspondait pas à l'Algérie. Peu de ces paramètres s’y recoupaient.

Par contre, du fait d’une cohabitation depuis plus d’un siècle, un passé commun s'était tissé depuis 1830 : Une association à notre histoire, concrétisée par la fidélité des Algériens au cours des deux dernières guerres mondiales.

Une francisation de la culture, une ouverture à la vie moderne dont ce pays nous était redevable, avec tous les avantages qui avaient pu en découler : Grâce à notre présence, l'Algérie était passée du moyen âge a l'ère moderne, en un siècle, tout au moins dans les villes.

Et surtout il y avait ces deux justifications essentielles pour se maintenir dans notre colonie : La présence sur son sol d'un million et demi de Français, et la découverte récente du fabuleux gisement de pétrole d’Hassi Messaoud aux confins d'un désert aride et inhabité !

Pour ces deux raisons, il était impensable de donner l'indépendance immédiate à ce pays, pour des raisons de solidarité, et de vital intérêt économique.

Rationnellement, j'estimais donc que notre présence devait se maintenir au moins un demi-siècle encore, pour résoudre le problème des populations françaises vivant sur son sol, et pour amortir, bénéficier et épuiser les réserves d'hydrocarbure le temps de mettre au point d'autres techniques énergétiques.

Au terme de cet approximatif d’un demi-siècle, ces deux problèmes étant résolus, le destin de l'Algérie aurait pu être négocié dans la sérénité.

En cette occasion, je m'interrogeais aussi sur le choix – pour moi surprenant ! - de l'immigration massive de travailleurs Nord-Africains et Africains sur notre territoire, pour pallier au manque de main d’œuvre aux lendemains de la seconde guerre mondiale…

A quels critères avait-on obéi en choisissant ces hommes qui, par définition - couleur de la peau, histoire, religion et traditions - étaient par définition très difficilement assimilables? Véritable invasion d'ennemis potentiels en cas de généralisation du conflit avec l’Algérie ! Autre cinquième colonne !

Alors que les pays de l'est de l'Europe - facilement assimilables ceux là à l’exemple des migrants polonais de 1920 - étaient disponibles et susceptibles de subvenir à tous nos besoins en main d’œuvre ?

Les décades des prochaines années, allaient se charger d’apporter leur réponse...

Telle était la conjoncture d’alors...


Pour nous, au 14 rue Bollaert, notre vie continue, prometteuse. Progression, réussite, bonheur.

Quant à moi, je commence à croire aux bons augures de mon signe zodiacal du Sagittaire, qui semble maintenant me combler : Santé retrouvée, argent, amour...

En dix ans, quel changement ! Combien chaque jour je me félicite de ma chance !

Chance qui s'identifie par la présence à mes côtés de ma douce épouse dont je suis toujours aussi amoureux. Et c’est ainsi que je prends l’habitude de répéter chaque jour :

« Merci mon Dieu ! Trois fois merci pour la belle vie que vous me donnez !

Régulièrement nous passons toutes les deux semaines quarante huit heures à Paris. La journée, fournisseurs et collections. Puis le soir et une partie de la nuit, théâtre ou music hall, restaurant…

Justement nous avons eu récemment l'occasion d’assister à une représentation somptueuse de Faust à l'Opéra de Paris, avec le talentueux ténor italien Benjamin Gigli. Spectacle grandiose propre au temple du bel canto, émerveillant mon petit mouton qui s'était particulièrement mise en frais pour cette représentation de gala : Une vraie vedette de cinéma!

Dommage que je l'aie en partie gâchée par la suite...

En effet nous avons pris l'habitude d'essayer à tour de rôle les meilleurs restaurants de la capitale... C'était le tour de celui de « La Tour d'Argent ». En raison de l'heure très tardive, mon estomac était à la limite de l'exaltation. Le menu, digne de Lucullus, comprend aussi champagne et les meilleurs vins...

Est-ce le mélange ou l’excès de ceux-ci ? Quoi qu’il en soit je connaîtrai à l’issue de ce repas, les symptômes du début d’une désobligeante ivresse, particulièrement humiliante…

Comme une épave à la dérive, en proie à d'étourdissants vertiges, accroché au bras de mon petit mouton devenu mon bon Saint-Bernard, je regagnerai presque inconscient notre hôtel...

Seule occasion de ma vie où j’aurai connu les conséquences d’une intempérance tout à fait inhabituelle.


Comparés à la mesquinerie de notre présente agitation, des événements considérables surviennent en France et dans le monde…

1958.

En janvier, 9235 savants de 44 pays, demandent d’arrêter les expérimentations nucléaires, en dénonçant les risques que ceux-ci font courir à l’humanité.

Le 6 février, première arrivée de pétrole saharien, au port de Martigues.

En contre point, transfère du siège du gouvernement F.L.N. aux abois, d’Algérie en Tunisie…

Cap Carnavéral, explosion d’une fusée Atlas… C’est le cinquième échec, sur sept tentatives…

Enfin, dérivé d’un ancien V2 allemand, une fusée Jupiter américaine met en orbite un modeste petit satellite de 14 kgs…. Soulagement… Mais les soviétiques possèdent encore cinq années d’avance.

Kidnapping du coureur automobile Fangio, à Cuba… Il sera peu après libéré.

Le 12 avril, un Loockheed Strarliner Liner d’Air France, relie Paris à Tokyo en passant par le pôle nord.

Le roi Baudouin inaugure l’Exposition 1958 de Bruxelles.

31 mai, investiture de général de Gaulle,

17 juin ; Le héros de la révolution hongroise, le Président Imre Nagy, est exécuté par pendaison !

Mi juillet, une série de très graves événements transforment le Moyen orient en poudrière : En Irak, le jeune roi Faycal a été assassiné… Au Liban, l’anarchie est telle, que les U.S.A. sont contraints de débarquer 5000 marines… En Jordanie, 2000 parachutistes britanniques portent secours au roi Hussein, menacé du sort subi par le roi Faycal…

Le 28 septembre est plébiscitée la fondation de la Vième République conçue par de Gaulle. 26 millions d’inscrits, 18 millions de « oui ».

Jean XXIII est le nouveau pape : 28 novembre.

L’UNR de de Gaulle, entre en force à L’Assemblée Nationale : 198 élus, 133 MRP, et, soulagement ! seulement 57 socialistes et 10 communiste !

Le 21 décembre, de Gaulle devient Président de la Vième République.

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Maurice NONET
Dernière modification le : February 27 2007 18:42:23.
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