Aime-moi Mamour

Un nouveau style de Vie

Depuis le jour de mon étrange « voyage » - que les anglo-saxons appellent un phénomène de « re-bird » (renaissance) - sur le plan travail, j’ai repris avec une ardeur exacerbée tous mes projets d'expansion, notamment celui de l'évolution de ma fabrication vers une qualité de modèles « bon chic – bon genre », style "couture", qui met durement à l'épreuve mon épouse et associée.

Par ailleurs, au niveau immobilier, j'utilise désormais à plein temps ma main-d’œuvre d'entreprise, pour de nouveaux travaux de construction ou de transformations.

Enfin, j'inaugure une façon nouvelle de faire "travailler" mon capital : Partie en bourse, partie sous forme de placements hypothécaires indexés à très court terme en milieu rural, par l’intermédiaire de mes deux notaires habituels.

Tous mes dossiers sont suivis avec rigueur, et sans aucune défaillance.

En ce qui concerne mes enfants, ils évoluent normalement selon leurs caractères : Ma jolie petite Marie Christine de déjà dix ans s’adonne avec entrain aux jeux de son âge, tandis que Maurice, sept ans, manifeste une certaine tendance aux jeux solitaires, ce qui ne m’étonne pas outre mesure, me souvenant que moi-même à cette époque, je préférais mon Mécano aux parties de foot du patronage…

Quant à mes projets d’éducation par gouvernante interposée, j'ai dû définitivement capituler… Conscient de l’opposition affirmée de ma mère et de mon épouse, qui au fil du temps ont pris toutes deux autorité et importance, en raison du caractère indispensable de leur rôle, dans le corpuscule de notre organisation familiale.

Mes deux enfants vivent donc toujours dans le giron du doux cocon de tendresse et d'affection de leur grand-mère, qui leur est toute dévouée.

Toutefois, je me promets d’intervenir d'une manière autoritaire et sans appel, dès leur entrée en sixième. Époque que je vais considérer, après mûre réflexion et conseils autorisés auprès de personnes compétentes en la matière, (psychologues et pédagogues), comme essentielle et déterminante pour leur personnalité future.


Pour le reste, je m’abandonne à ma nouvelle philosophie épicurienne, et je donne désormais libre cours à mon puissant appétit de vivre, dans le cadre rigoureux que je me suis autorisé : Trois après midi par semaine de liberté, compensés par trois fois, trois ou quatre heures de travail, la nuit suivante !

Echappées de bonheur, consacrées à l’amour, qui seront désormais l'embellissement, la fleur parfumée et secrète, de mon existence...


Mais comment mon goût de la femme - des autres femmes - m'est-il revenu, alors que je viens de vivre près de dix années de fidélité conjugale parfaite, et sans ressentir la moindre tentation extérieure ?

Il me faut revenir aux vacances de Torremolinos et à ma courte idylle avec la brûlante Eliane...

Eliane, en femme parfaitement avertie, n’avait pas manqué de remarquer le trouble que sa vue m'avait causée, bien qu’ignorant sa ressemblance extraordinaire avec ma brune amoureuse de Roubaix. Adroitement, tendrement, elle m'avait poussé aux confidences. Peu à peu, je m'étais laissé aller à tout lui révéler, tandis qu’elle m’enivrait de ses charmes abandonnés...

Il s’en était suivi une flambée de passion, chaude comme un soleil andalou ! Réveillant ainsi d'un coup, mon goût quasi congénital, pour les appâts d’une amante faite pour l'amour, un envoûtement pour le plus beau péché du monde… Et partant, le désir intense de poursuivre ma relation avec la sensuelle Eliane…

Rétrospectivement, je dois d’ailleurs reconnaître que son souvenir incendiaire avait été pour beaucoup, dans la colère qui m’embrasa à l'encontre de mon épouse, quand celle-ci avait fait avorter notre voyage pour Londres...

Dès lors, et parce que j’avais reprit goût au fruit défendu, mon engagement de fidélité envers ma tendre et dévouée femme, sera en grand danger... Et mon "voyage au pays de la mort", avait été le déclencheur d’une nouvelle manière de vivre, le signe du destin.

Et à dater de ce jour, tout coula de source...


J'avais près de quarante ans et j’étais maintenant au sommet de ma forme physique, lorsque le hasard voulu que, lors d’une escale méridionale, j’aille me faire couper les cheveux... Un figaro local, à l'aide d'une tondeuse électrique, entrepris de me raser le crâne avant que je n’aie le temps de réagir… Avait-il mal compris mon accent nordique ?

Quoiqu’il en soit, je sortirai de chez cet artiste capillaire tondu comme un œuf ! Dieu merci, j'avais alors un système chevelu particulièrement régénérateur, et, un mois plus tard, le désastre était partiellement réparé.

C'est ainsi que me vint l'idée de me coiffer "en brosse", et de laisser pousser ma moustache... Chevelure brune en brosse et moustache noire, je peux vous assurer que cela ne passait pas inaperçu en 1959 ! Mais finalement, cela ne m'allait pas trop mal...

Est c'est avec ce "look" que je me laissai aller à entreprendre ma seconde vie, occulte...

Cela sera relativement facile...

Par métier, je ne fréquente que des femmes, souvent jeunes, avenantes, toujours élégantes par profession. Et sensibles à ma prévenance - métier oblige –, à ma ponctualité (rares sont les clientes que je ne visite pas toutes les semaines), ma bonne éducation, et mon style d’homme réservé et discret. L'image de celui que l'on peut "fréquenter" sans aucun risque, en raison de son aspect austère… A ce point que l’un de mes amis ne me reçoit jamais sans un ironique :

-"Bonjour, Monsieur l'Archiprêtre !

Femmes sensibles également au plaisir évident que je prends à leur conversation... A écouter leurs confidences... Je connais ainsi bien des chagrins, bien des langueurs de cœurs abandonnés ou négligés… Bien des amours déçus...

Cœurs disponibles, prêts à être cueillis !

Enfin, nos rapprochements sont facilités par l'intimité des longues séances d'essayage lors des présentations de collections... Occasions de contacts, de frôlements, de confidences chuchotées... Jeux fascinants dont je ne me lasserai jamais.

Je dispose ainsi d'un véritable vivier dans lequel il me suffit de jouer mon personnage très réservé, qui succombe soudain aux charmes d'une jolie femme : Cela peut troubler !

Et troublera…

Je pourrai ainsi laisser mon cœur choisir selon mes anciens critères, beauté, jeunesse, charme, distinction, dans ce milieu si favorable à l'amour.

Quel émerveillement que ces retrouvailles avec ma vraie nature ! Quelle joie de conquérir, de séduire ! De prendre enfin possession d’une femme ardemment désirée !

Pourtant, je vais rapidement me rendre compte que cette dispersion ne me convient plus : Je souhaite retrouver les élans de l’amour passion, et ne m'attacher qu'à une seule amante, aussi séduisante que possible selon mes affinités, et durablement.

La providence me fera un royal cadeau en la personne d’une nouvelle cliente qui vient justement d’ouvrir un magasin dans la région de Douai… Une superbe brune de trente ans, au corps de déesse, aux yeux noirs de sultane, véritable panthère, jeune épouse négligée d'un chirurgien dentiste distrait… Qui me fera brûler des mille feux de la passion !

Elle me résistera longtemps, avant que de se rendre… Pour se révéler ensuite merveilleusement douée pour les jeux de l'amour… Quel bonheur de l’entendre se pâmer sous mes étreintes et mes baisers ! Quel orgueil de contempler ses formes parfaites abandonnées, dignes des meilleurs pinceaux de monsieur Ingres ! De l’entendre me murmurer les plus troublants aveux…

Pendant ces plages de sublimation charnelle, je me sens pleinement redevenu moi-même !

Et pourtant et paradoxalement - mais pourra-t-on me comprendre et me croire ? – tout mon amour conçu pour ma maîtresse l’après midi, redouble celui que j’éprouve le soir pour mon épouse bien aimée ! Quand je quitte les bras de l’une, je brûle ensuite de désirs pour l’autre !

Heureux temps de parfaite complémentarité égoïste bienheureuse, dans la plus parfaite des harmonies pour moi : Je règne royalement sur deux femmes, pleinement aimantes et aimées.

Puis-je mieux encore le reconnaître ? Jamais mon épouse ne m’est encore apparue aussi belle et désirable que maintenant, dans la plénitude de sa jeune quarantaine !

Quant à ma sensuelle panthère amante, sa beauté, sa disponibilité, sa fidélité et sa tendresse, me retiendront auprès d’elle pendant de longues années, donnant ainsi à mon existence l'occasion d'une splendide embellie ! Merci mon odalisque adorée… A ce point que tu mériterais pleinement une place privilégiée, dans une autre confession...

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Maurice NONET
Dernière modification le : February 27 2007 18:50:44.
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