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COMBAT DU REGIMENT DE MON PERE, A LA CÔTE 304, EN AVANT DE VERDUN.

La Côte 304 !

Lorsque débute la bataille, le 3 mai 1916, les allemands savent qu'il s'agit d'enlever la dernière défense, celle qui leur livrera la citadelle de Verdun. Ils ont concentré sur ces quelques kilomètres de hauteur, 600 pièces d'artillerie tirant sans interruption pendant 24 heures, provoquant une montagne de feu et de fumée qui s'élèvera - selon les aviateurs - jusqu'à 800 mètres dans le ciel…

Mon père, lui, me racontait que réfugié dans l'abri du poste de commandement, il avait l'impression d'être « secoué comme une barque sur un lac agité… »

Après quelques heures d'accalmie, le bombardement reprendra, aussi intense, dévastateur…Les nerfs de certains soldats craquent - surtout ceux des nouvelles recrues de 16- 18 ans dont c'est le premier baptême du feu… Quel baptême ! Invraisemblable ! Et ce déluge de feu durera quatre jours… Pendant quatre jours, ces quelques kilomètres carrés de terre vont bouillonner d'explosions comme une gigantesque marmite infernale ! Au point que certains survivants connaîtront de véritables crises de folie !

C'est alors que survient, à l'aube du 5ème jour, la ruée générale allemande !

Miracle incroyable, les hommes du 125ème se redresseront comme des diables ! La ruée sera repoussée.

L'attaque ennemie recommencera sans succès, trois fois !...

Trois jours d'enfer inhumain, pendant lesquels les hommes du troisième bataillon (celui de mon père) seront parfois isolés, mais résisteront jusqu'aux limites du désespoir.

Le 11 mai, l'infernal bombardement reprend encore une fois pour écraser les derniers points de défense française…

Il durera douze heures !...

Les plus jeunes soldats flottent… La folle panique menace : Les anciens - ceux qui ont l'âge de mon père :26 ans !- doivent user de toute leur autorité pour les maintenir à leur poste, mais eux-mêmes sont sur le point de s'écrouler, à bout de résistance, de fatigue, de faim et surtout de soif ! Et aussi à court de munitions...

Le miracle survient le 12 au matin : La 145ème division au complet arrive en renfort, rétablit les lignes et relève la 125ème qui a perdu la moitié de ses effectifs !

Grâce au sacrifice du 125ème R.I., la côte 304 est restée française, et elle marquera l'extrême avance allemande en direction de Verdun. Ce titre de gloire, inscrit sur son drapeau, rejoint en vaillance l'épisode du passage de la Bérézina par les armées de Napoléon, où ce régiment s'était immolé en1812 !

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Maurice NONET
Dernière modification le : January 31 2007 19:10:21.
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