Racines

La famille NONET-PICAULT

Quelques rares anecdotes, quelques photographies, quelques gestes de tendresse, c'est tout ce qu'il me reste de mes grands-parents Nonet...

Comment se fait-il que d'aussi proches parents ne m'aient laissé que si peu de souvenirs? Cela me rend triste et mélancolique. Je souhaiterais qu'il n'en soit pas de même pour moi !


Des ancêtres de mon grand-père, je ne sais presque rien, si ce n'est leurs noms : Joseph Nonet et Anne Barraut. Je ne connais aucun des détails de leur vie. Mon père aurait-il oublié de m'en parler, ou ma mémoire serait-elle oublieuse ?

Mon grand-père Joseph portait le prénom de son père. (Son fils Roger donnera le sien à son fils, moi-même, j'ai appelé le mien : Maurice).

Joseph naît le 24 juin 1862, à Preuilly-sur-Claise, sous le second Empire. Il a huit ans lors de la déclaration de guerre en 1870.

Peut-être le petit Joseph eut-il l'occasion de lire le roman d'aventures : "Le Tour du Monde en quatre-vingts jours" de Monsieur Jules Verne, publié dans la presse de l'époque sous forme de feuilleton ?

A partir de treize ans, il faillit vivre sous un régime royaliste. Un amendement de loi, proposé par le député républicain Wallon, et adopté à une voix de majorité, fit qu'un Président de la République sera préféré à un roi ! Deux voix de différence, et nous serions restés comme en Angleterre, une monarchie constitutionnelle !

Peu avant que Joseph ne fasse son service militaire, la France avait établi en 1881 son protectorat sur la Tunisie. Tandis qu'il finissait son temps, l'Annam et d'autres possessions de la péninsule indochinoise venaient agrandir encore notre lointain domaine colonial.

Sans doute, en bon patriote qu'il fut toute sa vie, s'enthousiasma-t-il à l'annonce de la nomination du populaire Général Boulanger à la tête du Ministère de la Guerre, avant que celui-ci ne se suicide sur la tombe de sa maîtresse...

Je l'imagine aussi se réjouissant de la découverte de Pasteur : Le vaccin contre la rage, maladie qui faisait alors des ravages dans les campagnes.

Il se marie le 18 septembre 1886, à vingt-quatre ans, avec une demoiselle Amélie Picault, de deux ans son aînée, fille d'Antoine Picault et de Rose Remar.

Il avait rencontré sa future femme alors qu'il était commis épicier dans un magasin de Châtellerault. Ce devait être un fringant jeune homme brun, de bonne taille, avec barbe et moustache comme le voulait la mode de l'époque, ainsi que je peux en juger sur l'une des rares photographies que je possède.

Comment arrivèrent-ils à lier connaissance, elle, la fille d'une famille de petite bourgeoise de la ville, et lui, simple employé d'origine paysanne, intelligent certes, mais de modeste condition

Amélie Picault avait été élevée dans un pensionnat pour jeunes filles de la bonne société. C'était une "demoiselle". Un jour, elle avait raconté sa jeunesse dorée à ma mère, avec beaucoup de nostalgie...

Lorsque j'ai connu mon grand-père pour la première fois, il devait avoir soixante ans, et moi cinq à six. Je garde de lui le souvenir d'un homme à la parole brève et à la voix autoritaire. Mais il savait sourire et rire d'une façon désarmante. J'imagine qu'il avait su intéresser Amélie lorsqu'elle venait faire ses emplettes au magasin. Ensuite, il avait su s'en faire aimer au cours de rencontres peut-être clandestines, au point de lui proposer le mariage...

La famille de la jeune fille s'opposa formellement à cette union. Ils menacèrent même leur fille de la déshériter. Rien n'y fit. Amélie, amoureuse, s'entêta, et se maria contre la volonté de ses parents.

La famille Picault tint parole : Elle ignorera désormais la jeune Amélie Nonet. De ce jour, à ma connaissance, elle ne revit jamais ses parents, même aux pires moments de son existence !

Deux excellents portraits en buste, au fusain, de ma grand-mère et de mon grand-père, sont là sous mes yeux. Je les examine, les scrute pour tenter de les faire revivre. Ils ont environ trente cinq - quarante ans.

Lui, incontestablement, est un bel homme, distingué, mise recherchée. Son visage attire l'attention : Rectangulaire, sculpté, traits réguliers. Son expression est autoritaire, presque impérieuse. Regard fixe. Deux rides verticales entre les sourcils épais soulignent la concentration, la volonté et peut-être même une tendance à la colère. On pressent cependant que le regard peut s'adoucir, sourire. J'aime imaginer cette merveilleuse métamorphose des visages sévères, qui soudain s'illuminent, tout de charme et d'amour.

Il porte une orgueilleuse moustache aux pointes relevées et une barbe soigneusement taillée. Aucune trace de mollesse ni d'indécision dans cette figure aux os et aux muscles apparents, aux pommettes et maxillaires marqués. Le front haut, dégagé sous les cheveux drus, exprime intelligence et détermination. La bouche corrige par son dessin sensuel l'impression générale d'austérité. Tel apparaît mon grand-père dans la force de son âge.

Curieusement, son épouse présente un visage aux traits peut-être plus lourds, un peu épais même. Malgré sa coiffure et son vêtement très soignés, en la regardant, on n'éprouve pas l'envie de s'exclamer : "Quelle jolie femme !".

En effet le regard glisse sur son visage sans grâce particulière. Pourtant, après quelques instants d'observation, transparaissent une expression de douceur, de bonté, presque de faiblesse, et même de facile abandon. Il n'y a donc rien d'étonnant à ce qu'elle se soit laissée subjuguer par mon séduisant grand-père dès leurs premières rencontres...

Le sourire est discret, un peu mélancolique. Le regard conciliant, bienveillant, avec des yeux que l'on devine volontiers rieurs. Une certaine coquetterie ressort de l'ensemble.


Leur mariage a eu lieu à Châtellerault en septembre 1886. Fort de son apprentissage de commis épicier et de ses économies, Joseph aura ensuite l'audace, surprenante à cette époque, de s'installer épicier à son compte, dans la petite ville voisine de La Haye Descartes, à l'enseigne de la « Croix Verte ».

La "Croix verte", fut pour mes grands-parents, toute l'histoire de leurs premières années de vie commune, celle de tous leurs espoirs de changement de condition sociale.


A l'époque, le métier d'épicier ne s'improvisait pas. D'ailleurs cette corporation, née du commerce des épices, fit longtemps l'objet d'un privilège royal. Il nécessitait un long apprentissage, indispensable pour reconnaître les produits achetés en vrac, et les différentes manières de les conserver selon leur nature et leur provenance. Leur stockage, l'emplacement dans le magasin, étaient déterminés en fonction de la lumière, de la fraîcheur, du possible mélange indésirable des odeurs. Tout cela était étudié méticuleusement.

Les comptoirs comprenaient de nombreux tiroirs, certains revêtus de zinc à l'intérieur, chacun destiné à recevoir toujours le même produit.

Pour peser ceux-ci, pas de système électronique : L'épicier utilisait la bascule pour les sacs de 50 kgs et plus, la balance à fléau suspendue à une poutre par un robuste crochet pour les ballots entre 5 et 20 kilos, et enfin, la balance romaine aux deux plateaux de cuivre avec ses poids pentagonaux en fonte noire de 5, 2 et 1 kilos, permettait des pesées précises au gramme près lorsque l'on utilisait ceux de cuivre, cylindriques, rangés dans leur bloc de bois vernis.

Autrefois, l'essentiel de la réputation d'un épicier tenait à la qualité de son café ! La renommée de celui de mon grand-père était justifiée par les soins dont il entourait cette denrée particulière. Sa réussite dépendait de deux secrets.

Le premier résidait dans les proportions du mélange. En effet, il achetait son café vert, en sacs de 50 kilos, provenant de contrées lointaines : Brésil, Colombie, pays traditionnellement producteurs de cette denrée, et aussi, depuis peu, de l'Afrique Equatoriale Française. Sa recette était jalousement gardée !

Le second secret consistait dans le degré de torréfaction. Insuffisante, l'arôme restait faible; trop longue, elle donnait au café une odeur de caramel brûlé. Une petite trappe, pratiquée dans le cylindre de tôle dont l'axe, actionné à la main, tournait au-dessus d'un lit de braises, permettait de contrôler le niveau de grillage.

Cette étape de torréfaction embaumait tout le quartier, les mardi et vendredi de chaque semaine, à heures fixes.

De plus, du temps où mon grand-père avait son négoce, les moulins à café individuels n'étaient pas encore d'un usage courant dans tous les foyers. Ainsi l'épicier vendait, à la demande, du café moulu à l'aide d'une grosse machine manuelle solidement fixée au comptoir, et actionné par une grande manivelle. Le degré de finesse de la mouture se réglait par un cliquet de serrage qui rapprochait les meules.

Les clientes venaient chercher leur café pour la semaine, de préférence les jours de torréfaction. Pour en conserver l'arôme le plus longtemps possible, elles l'enfermaient dans une boîte métallique portant l'inscription "Café" qui prenait sa place généralement sur une étagère au dessus du fourneau, parmi la série des cinq ou six boîtes, dites "boîtes à épices", que toute bonne ménagère se faisait un devoir de posséder.

Outre les denrées alimentaires proprement dites, l'épicier entreposait dans son magasin : Vins en tonneau soutirés en litres, huiles tirées d'un baril en tôle galvanisée avec des mesures d'étain graduées, sucre roux ou blanc cristallisé conditionnés en sacs de jute, et vendu au poids (le sucre en morceaux n'existait pas).

L'épicier d'une petite ville comme La Haye Descartes, vendait aussi toutes sortes d'articles de quincaillerie, et, bien sûr, des balais. Ce qui me rappelle une anecdote souvent contée par mon père...

Petit garçon, il possédait un lapin apprivoisé qui s'appelait Robineau... Or, on commençait à commercialiser, outre les balais traditionnels en fines branches de bouleau ou en paille de riz, un nouveau type d'instrument : Le balai en fibres végétales de noix de coco !

Or Robineau s'en éprit d'une passion gourmande ! Dressé sur ses pattes arrière, il rongeait la fibre, ne laissant que le support de bois ! Cette passion coupable lui coûta "la casserole", à l'insu de mon père qui n'apprit son sacrifice qu'après un certain repas !

Quand il racontait cette histoire, pourtant ancienne, il lui restait encore une trace de chagrin dans la voix... Etonnante sensibilité chez un homme d'apparence si sévère !


Au cours des années 1890-1895, mon grand-père souhaita développer ses affaires. Il eut alors l'idée - originale pour l'époque - de transformer une vaste voiture couverte à deux essieux en magasin ambulant. Grâce à ce véhicule, remorqué par un robuste cheval, il se constitua rapidement une nouvelle clientèle dans les plus grosses fermes de la région, et surtout dans les châteaux encore nombreux en Indre-et-Loire.

Son chiffre d'affaires augmenta sensiblement. Et par la même occasion, il se donna une indépendance qui convenait mieux à son tempérament entreprenant : Bien des fois, derrière son comptoir, il avait dû ronger son frein ! A partir de ce moment, Amélie, sa femme, assura la responsabilité du magasin, aidée par ses deux filles.

Les premières années, les résultats furent largement positifs, en dépit des coutumes qui régissaient les échanges commerciaux dans la région : Les intendants des châteaux et des grosses métairies bénéficiaient du "sou du franc" sur le total des achats, soit une commission de cinq pour cent. De plus, traditionnellement, ils avaient l'habitude de ne payer qu'en fin l'année, ce qui impliquait une grosse avance de capital. Cependant, c'était des clients importants qu'il fallait ménager.

En effet, certains châteaux employaient entre dix et cent personnes, soit en service dans les bâtiments comme valets, chambrières, cuisiniers, soit en qualité d'ouvriers agricoles. Car souvent le domaine comprenait - outre le château et son parc - des jardins légumiers, des vergers, de vastes forêts réservées à la chasse (fréquemment à courre), et d'immenses étendues céréalières et prairies d'élevage.

Or, à partir de la fin du XIXème siècle, l'évolution du paysage rural s'accélère. Elle est marquée par le déclin des grands propriétaires terriens traditionnels, tels que les châtelains. Ceux-ci, issus de la petite et moyenne noblesse, oisifs, et souvent mauvais gestionnaires, ils seront peu à peu ruinés et contraints de vendre leurs terres d'abord, puis leurs splendides demeures, aux nouveaux riches de l'ère industrielle.

La décadence, puis la disparition de ces grands propriétaires va mettre en difficulté les commerçants et les artisans qu'ils faisaient vivre. Et mon grand-père connaîtra dès lors, de progressifs soucis financiers.

D'autant plus que, à la même époque, apparaît dans l'épicerie, une nouvelle forme de commerce : Le succursalisme.

D'importantes sociétés financières créent, à l'échelon national, des réseaux de distribution par « magasins dépôts », qui commencent mettre à profit les méthodes modernes du conditionnement des denrées en boîtes, sachets et bouteilles. Elles ont un recours massif et systématique à la publicité et à la "réclame" par l'intermédiaire, déjà, des annonces dans les journaux, des affiches murales, et des prospectus.

Dès les premières années du siècle, dans le circuit des denrées alimentaires, la société "Caiffa" s'installe en Touraine. Des succursales s'ouvrent partout, à La Haye Descartes comme dans toutes les agglomérations voisines.

La nouveauté du procédé attire la clientèle, alléchée aussi par un astucieux système de primes par timbres, qui, collés sur des feuilles, donnent droit à des articles ménagers gratuits.

Ainsi concurrencées, les affaires de mon grand-père périclitent. Elles ne tarderont pas à devenir impossibles. La mort dans l'âme, il devra se reconnaître dépassé, vaincu. Alors, ayant acquitté toutes ses factures et soldé toutes ses dettes, il fermera définitivement son magasin à l'enseigne de la Croix Verte en 1910.


Enfant, lorsque nous habitions Athis en banlieue parisienne, j'y ai connu l'une des dernières épiceries de ce genre...

Ma mère y allait faire ses achats. Haricots secs, fèves, lentilles, étaient évalués, soupesés dans le creux de la main, qualité et fraîcheur, soigneusement ainsi jugées. La cliente pouvait faire son choix, guidée par les conseils avisés de son épicier.

J'observais avec curiosité et intérêt ce commerçant très original, vêtu d'une blouse grise à manches de lustrine, ceint d'un tablier noir et coiffé d'un calot de même couleur. Tout en lui exprimait le sérieux, l'honnêteté et la compétence.

Ce type de commerce traditionnel devait disparaître du fait de la généralisation des produits conditionnés sous emballage publicitaire. Peu à peu, le métier d'épicier perdit ainsi de sa noblesse, réduit à un rôle de simple distributeur sans compétences professionnelles particulières, hormis celles des responsabilités de la bonne gestion de son stock de boîtes, et de la tenue de sa caisse.


Lors de la fermeture de son magasin de la Croix Verte, que l'on imagine le désespoir et l'angoisse de mes grands parents ! A quarante-huit ans, mon grand père était sans ressources alors qu'il avait encore deux filles à charge, Yvonne et Léa.

Heureusement, l'excellente réputation dont il jouissait va lui permettre d'obtenir un modeste poste de gardien à l'usine des Grandes Papeteries. Celle-ci s'est installée en bord de Creuse, à La Haye Descartes, pour profiter de la vigueur de son courant afin d'entraîner les grandes roues à aubes qui lui assurent l'énergie indispensable.

Simple emploi de gardien, car depuis peu il souffre d'une infirmité sans doute contractée en soulevant des charges trop lourdes dans son épicerie, et qui l'empêchait de se redresser totalement : Une hernie abdominale qui s'était aggravée au fil du temps, au point de devenir une véritable éventration.

Ce genre d'infirmité était alors très fréquent, et l'on ne connaissait pas les techniques opératoires d'aujourd'hui. Pour tout traitement, la hernie était soulagée par le port d'une ceinture herniaire nantie intérieurement d'un fort coussinet pour retenir la sortie des viscères. Pour mon grand père, cela ne suffisait pas en raison de la gravité de son mal. Alors, pour éviter la douleur, il avait adopté une position "cassée", le haut du corps penché en avant, condamné à s'appuyer sur une canne pendant la marche.

Son nouvel emploi, subalterne mais de confiance, va lui permettre, après la vente de la "Croix Verte", d'être logé et de faire vivre sa famille de quatre enfants aux personnalités bien différentes.


L'aîné, Roger, né le 5 février 1888, se montra dès l'enfance d'un caractère indépendant et brutal, particulièrement envers son jeune frère Fernand, dont la réserve et la spiritualité feront l'objet de ses taquineries.

Mon père me rapporta un exemple de sa brusquerie : Alors qu'il n'avait qu'une dizaine d'années, son frère décida un jour de lui apprendre à nager dans la Creuse au vif courant... Après quelques "leçons", agacé de ses frayeurs, il l'abandonna en eau profonde, en lui disant :

-« Froussard ! Maintenant, tu dois savoir ! Alors débrouille- toi tout seul ! Rentre comme tu peux... »

Et il l'avait planté là ! L'enfant qu'était encore alors mon père, avait cru mourir...

Peu doué pour les études, Roger avait commencé à travailler dès l'âge de seize ans, comme mécanicien aux Grandes Papeteries qui venaient de se doter d'une puissante machine à vapeur qui alimenterait désormais en énergie toute l'usine, rendant inutiles les grandes roues à aubes entraînées par le courant de la Creuse...

Fin 1912, Roger devra se marier en hâte à une ravissante jeune fille brune, aux yeux magnifiques, Herminie Cassius. En avril 1913, naîtra un garçon, prénommé Roger comme son père, dont l'histoire sera tragique...

La déclaration de guerre éclatera comme un coup de tonnerre, le 2 août 1914. Aussitôt, Roger, ainsi que son frère Fernand, seront mobilisés.

Envoyé avec son régiment d'infanterie, le 325ème, sur la frontière lorraine à Morhange, Roger participera à la terrible bataille des frontières. Il y trouvera une mort héroïque sous les murs du village de Réméréville en Lorraine, le premier mois des hostilités !

Son corps ne fut jamais retrouvé.

Son fils, sera donc orphelin à dix-sept mois ! L'absence d'un père, d'un entourage maternel affectueux et attentif, pèsera très lourd sur le devenir de ce jeune garçon : Sa mère, Herminie, très jolie jeune femme aux lourds bandeaux de cheveux noirs - j'ai la photo de son mariage sous les yeux - dont la féminité et la sensualité semblent évidentes, ne fut pas vraiment une veuve inconsolable...

Elle n'assuma pas, paraît-il, toutes ses responsabilités de maman après la disparition de son mari. Par manque de temps car elle était contrainte de travailler pour assurer sa subsistance et celle de son fils. De plus, elle était si jeune et si belle...

Elle ne restera pas longtemps une veuve éplorée : Séduit par sa beauté, le Directeur des Papeteries, un certain Monsieur Cessat, personnage important et corpulent, plus âgé qu'elle d'une quinzaine d'années, l'épousera très vite.

Cet homme se désintéressa assez rapidement de son beau-fils Roger. Abandonné à lui-même, malgré les efforts de mes grands-parents, celui-ci commencera très tôt une vie chaotique, presque marginale. Son histoire sera un vrai roman noir.


Au cours de brèves vacances à La Haye Descartes, aux environs de mes six ans, j'aurai l'occasion de rencontrer cette tante Herminie et son nouveau mari...

Un dimanche, ma grand-mère avait ouvert la porte de la salle à manger généralement tenue fermée, et elle s'appliqua à tout faire reluire. Un grand événement se préparait ! Vers midi, le couple Cessat arriva, endimanché, à bord d'une automobile superbe aux chromes rutilants ! Celle-ci fit sensation dans ce quartier modeste. Comme moi, tous les gosses étaient dehors pour l'admirer !

Herminie avait alors une trentaine d'années. Je la trouvais très belle, aussi belle que ma mère, ce qui n'était pas peu dire. Mais elle avait en plus - je ne pouvais me l'expliquer en raison de mon jeune âge, quelque chose de plus troublant dans ses manières... Par exemple une certaine façon d'incliner le buste vers l'épaule de son mari en le regardant avec langueur...

Cet homme me fut immédiatement antipathique. Gros, rougeaud, suffisant et vaniteux, il s'adressait à mes grands-parents sur un ton protecteur. Il mangeait beaucoup et buvait ferme, parlait haut.

Mes grands-parents étaient tout sourire, même, me sembla-t-il, étonnamment déférents. Comportement que je ne comprenais pas... Je ne pouvais évidemment pas apprécier qu'il s'agissait de la présence du grand Directeur des Papeteries, où mon grand-père était simple gardien...

-« Oui, Monsieur Cessat... Bien sûr, Monsieur Cessat... Vous êtes trop bon Monsieur Cessat...

J'étais mortifié de leur humilité !

Pour me venger, je refusais de jouer avec l'énorme toupie chantante qu'il m'avait offerte !

Lorsqu'ils furent enfin partis, ma grand-mère trouva un gros billet de banque sous l'assiette de Monsieur Cessat... Elle commenta avec satisfaction :

-« C'est vraiment un Monsieur très bien élevé...

Je ne devais jamais plus revoir ma jolie tante Herminie. Elle mourut étonnamment très jeune, quelques temps plus tard.


Léa , née en novembre 1892, était la soeur préférée de mon père, et de près de deux ans sa cadette. Il parlait volontiers d'elle quand il évoquait ses souvenirs de jeunesse, et je comprenais mal que nous la fréquentions que si peu... Plus tard, j'en aurai l'explication.

Ce n'était pas exactement une jolie jeune fille si j'en juge par la photo prise en 1912 à l'occasion du mariage de son frère Roger... Elle ressemblait à sa mère, avec la même expression de faiblesse des femmes qui ne savent pas dire non.

Tempérament sentimental, voire passionné plutôt que volontaire, elle était la générosité même. Elle était toujours disponible et totalement désintéressée : Un coeur gros comme une maison ! Ce fut le drame de sa vie. Une victime prédestinée, car le sort récompense rarement ceux qui se sacrifient pour les autres.

Ma tante Léa, bien que je ne l'aie vraiment connue que très tardivement, occupe une place particulièrement chaude dans mon coeur, en dépit de toutes les faiblesses dont mon père l'accusait. Je voudrais lui consacrer quelques lignes, afin de lui rendre l'hommage qu'elle mérite à mes yeux.

Elle fut la Cendrillon de la famille, héritant de toutes les corvées, ne sachant pas se dérober. Les uns et les autres en abusèrent. Gaie, enjouée, généreuse, elle ne savait rien garder pour elle, partageant avec ses proches le peu qu'elle possédait. Amis, parents, frères, enfants, jamais personne ne fit appel à elle en vain.

Pourtant, elle eut le chagrin de se voir mourir, abandonnée de tous - sauf par d'une de ses petites filles - dans un banal et désespérant hospice de vieillards : Elle qui avait tout donné, elle sera enterrée discrètement en cercueil de bois blanc, dans l'oubli et l'indifférence la plus totale...

D'après mon père, elle avait été une jeune fille romanesque, follement amoureuse de son beau-frère mobilisé dans la marine, le frère d'Herminie. Un jour, elle n'hésita pas, en pleine guerre, à tout abandonner pour aller le rejoindre..... en Tunisie ! Une véritable odyssée à l'époque ! Son amour fut récompensé puisqu'elle l'épousa, et devint, pour le meilleur - et aussi pour le pire - Madame Aristide Cassius.

Aristide obtint, après la guerre de 1914, un excellent emploi dans une usine d'armement aux technologies très avancées, une sorte d'usine Matra. Il put ainsi faire construire une petite villa à Saint Gratien, près d'Enghein, le centre hippique de la région parisienne.

Ce fut le seul bon placement d'Aristide... Par la suite, il se mit à investir, dans des opérations douteuses - en fait de véritables escroqueries - non seulement ses économies, mais aussi l'argent de gros emprunts. Pour rembourser ceux-ci, tante Léa sera obligée de faire des ménages pour des commerçants, travaux qui n'était pas toujours payés...

Ensuite, avec une incroyable naïveté, elle tentera sa chance dans un élevage de canards de barbarie sur la foi d'une publicité vantant la qualité de leurs géniteurs vendus une petite fortune... Hélas, elle avait sous-estimé l'extrême voracité de cette variété de palmipèdes, et son terrain de 500 mètres carrés se révéla trop exigu pour leur appétit. Elle s'épuisa alors à couper herbes et orties le long des talus, avant de se résigner à tout arrêter.

Dans l'intervalle, Aristide, qui était pourtant un vigoureux gaillard, mourut subitement d'une crise cardiaque, sans avoir eu le temps de prendre les précautions voulues pour sa retraite. Ce décès prématuré laissa ma tante Léa et ses deux enfants Pierre et Jacques, presque sans ressources.

Les deux garçons se montrèrent des fils résolument égoïstes et peu brillants dans tous les domaines. Ils oublieront totalement leur mère quand elle sera dans le besoin. A ce point que l'aîné, Pierre - qui lui avait soit disant "racheté" sa maison de Saint-Gratien - ira même jusqu'à exiger qu'elle déménage pour occuper les lieux ! La malheureuse, sans se plaindre, logea, de façon précaire, chez des voisins sans scrupules qui l'exploitèrent.

En 1953, lorsque mon père tomba gravement malade, elle accourut immédiatement. Sa gentillesse, son dévouement sans limite, furent infiniment précieux pour ma mère, et réconfortèrent mon père durant les mois douloureux qui précédèrent sa mort survenue en avril 1954, après un long calvaire.

Par la suite, tante Léa vécut très simplement et discrètement pendant quelques années en compagnie d'un vieux monsieur, Monsieur Brunet, qui avait besoin d'une garde-malade. Il mourut sans que ma tante n'ait jamais été complètement rémunérée !

Son dénuement devint extrême. Ses enfants ne répondant pas à ses appels, elle n'eut d'autre recours que de demander son admission dans un hospice pour vieillards !

Je n'en sus rien. Elle ne voulut pas solliciter mon aide... Elle était trop effacée, trop discrète... Elle avait bien trop peur de "déranger". Comment ai-je pu la négliger ainsi, ne pas prendre de ses nouvelles pendant de si longues années ? J'aurais pu si facilement soulager sa détresse... Je ne me le pardonnerai jamais !


La seconde soeur de mon père, Yvonne, née le ler décembre 1893, était de trois ans plus jeune que lui. C'était une fille gracieuse, mais si l'on en croit les photos, aux traits un peu ingrats de sa mère. Très tôt, son esprit de contradiction - qui devint plus tard une attitude de révolte permanente et de non-conformisme - suscita de gros problèmes.

Elle rompit avec sa famille, partit tenter sa chance à Paris, où elle se maria et devint madame Alphonse Derval.

Vers les années 1920, Yvonne se laissera entraîner par les idées de gauche, socialiste d'abord, puis franchement communiste. Elle devient la compagne d'un agitateur appartenant à cette tendance politique, particulièrement actif en région parisienne où il fomenta des grèves et même des émeutes : un certain A. R.

Peut-être pour ces raisons, mon père l'ignora.

Je me rappelle toutefois un incident...

Lors des graves désordres qui agitèrent la population ouvrière de Roubaix -Tourcoing en mai 1931, d'importantes manifestations de solidarité eurent lieu dans toutes les villes de France, et notamment en banlieue parisienne.

Un dimanche, tandis que nous regardions, réprobateurs, le défilé de la foule vociférante s'écouler sous nos fenêtres, mon père brusquement désigna du doigt une femme débraillée qui chantait l'Internationale à pleins poumons :

-« Grand Dieu ! Mais c'est Yvonne !

Ce sera l'unique et brève vision que j'eus de ma seconde tante... Jamais plus je ne la reverrai, ni n'en entendrai parler. J'ignore jusqu'au lieu de sa sépulture !

A la suite d'une enquête d'Etat-Civil, j'apprendrai qu'elle était décédée relativement jeune, à cinquante-sept ans, le 27 décembre 1940, à Paris, ignorée de sa famille, et sans enfant.


Fernand, mon père, était né le 10 janvier 1890, deux ans après son frère, Roger.

Il fut, dès sa prime enfance, l'orgueil de ses parents. Très tôt il se révéla un brillant écolier, à la différence de son frère et de ses soeurs dont les résultats scolaires étaient souvent médiocres. Sa personnalité même était d'une autre nature : Réservé, moins avide de jeux que Roger, il était appliqué, attentif, zélé.

Bientôt, vers ses huit ans, il fut remarqué par le curé de La Haye Descartes, qui aura de fréquentes conversations avec ses parents : Il a observé Fernand, enfant de choeur à l'église, sa piété naturelle, sans effort ni affectation, le distingue des autres enfants.

Cette spiritualité spontanée, ajoutée à des dispositions intellectuelles évidentes, firent que lorsqu'il atteindra l'âge de onze ans, le diocèse proposa à ses parents de le prendre en charge totalement, et de le faire admettre au Grand Séminaire de Tours.

Il s'agissait là, en l'an de grâce 1901, d'un honneur et d'une distinction tout à fait remarquables, exceptionnelle même, dans cette région à tradition catholique et où la pratique religieuse faisait partie de la vie quotidienne. Sa famille accepta l'offre avec enthousiasme, d'autant plus que Fernand lui-même semblait le souhaiter.

Selon tous les récits que j'ai pu recueillir, il paraissait bien que dès cette époque, Fernand présentait effectivement les premiers signes d'une vocation religieuse...

Personnellement, bien que foncièrement religieux, je ne peux m'empêcher de m'interroger sur cette précocité... A un âge aussi jeune, je me demande s'il ne s'agissait pas plus simplement et seulement, du refus d'un environnement qui ne correspondaient pas à ses aspirations. C'est ainsi que je m'explique son refuge dans la méditation et son goût pour l'isolement... Et, progressivement, son installation heureuse dans l'univers d'un séminaire.

J'émets cette hypothèse, car, à une certaine période de mon adolescence où je serai moi-même confronté à un milieu que je n'avais ni choisi, ni adopté, je choisirai également les parfums anesthésiants de la solitude et de la mélancolie obsessionnelle. Disposition psychologique héritée de mon père ? En fait, un très mauvais moment de mon adolescence.

Je pense donc que sa vocation se détermina plus tard, au fil des années passées derrière les murs du Grand Séminaire. Progressivement, comme grandit un arbre, par un appel et un goût pour la vie mystique, il connut une spiritualité intense, hors du commun, et un désir sincère de consacrer son existence au service de Dieu et des hommes.

Néanmoins, il est certain que même avant d'entrer au Séminaire c'était déjà un enfant méditatif, qui se complaisait souvent dans la pénombre de l'église, alors que les autres enfants de son âge s'adonnaient aux jeux. Il restait pensif, retiré dans son monde intérieur, indifférent aux taquineries de ses frères et soeurs. Il réprouvait les brutalités de son aîné Roger. De plus, il manifestait une vive curiosité pour l'étrange, l'insolite, et même l'au-delà...

Ce dernier trait se trouvera confirmé par les récits que mon père nous fera, à propos des présages et prophéties prononcées par une certaine « dame Jeannette » de la Haie Descartes - que la grand-mère estimait être une innocente illuminée ! - qu'il avait fréquenté avant son entrée au Séminaire...

L'héroïne était une vieille demoiselle, très pieuse, qui habitait une pauvre ferme à l'écart du village. Elle était convaincue d'entendre des messages, des "voix", par l'intermédiaire... de ses animaux familiers, notamment par l'une de ses vaches ! Nombreux étaient les villageois de la contrée qui croyaient en ses prédictions étranges et sibyllines, et qui venaient la consulter pour être conseillés.

Mon père passait des heures à l'écouter, et il nous avait cité nombre de ses sentences, un peu mystérieuses, ce qui fait que je ne les ai pas toutes retenues.

Sauf une, parce que j'avais cru comprendre qu'il s'agissait de la prévision des hécatombes à venir de la guerre de 1914-18... La voici :

-« Viendra un temps d'extermination si épouvantable, mon cher petit Fernand, car ils vont tous devenir fous ! Que quand un homme rencontrera un autre homme, il dira : Tiens! Voilà un homme !

La mère Jeannette faisait peut-être allusion au progrès et aux nouvelles inventions d'armes de guerre, symboles pour elle de la folie meurtrière des hommes. Et elle prévoyait de ce fait des carnages si effrayants, qu'elle sentait planer une menace d'extermination universelle...

Mon père précisait qu'elle avait émis ce présage en un temps où la paix n'était pas encore réellement menacée.

Etonnamment, il avait gardé un souvenir attendri et crédule de ses prédictions, même si parfois l'originalité ou le côté énigmatique de celles-ci l'incitait à sourire. Cela m'étonne encore, de la part d'un homme aussi raisonnable et aussi religieux !

Quoiqu'il en soit, en octobre 1901, la porte du Grand Séminaire de Tours se referme sur Fernand, pour treize ans ! De ces années, mon père n'en a jamais rien dit, pas plus qu'à ma mère, malgré ses nombreuses questions ! Et il avait fait promettre aux membres de sa famille que nous fréquentions, c'est-à-dire, son père, sa mère et sa soeur Léa, de ne rien révéler des temps de son séjour au séminaire.

Si mon grand-père et ma grand-mère ont bien tenu leur parole, tante Léa, pas tout à fait... Par elle - et seulement après la mort de mon père - j'appris qu'il y avait fait des études exceptionnellement brillantes, que son intelligence et sa piété avaient été exemplaires et dûment remarquées... Qu'il avait été diacre, qu'il avait porté la soutane et même reçu la tonsure ! A quelques mois près, si la mobilisation générale n'était pas survenue, il aurait été ordonné prêtre en la Cathédrale de Tours !

Les seules traces de son passage au Séminaire dont j'ai eu connaissance, furent des cahiers épais, aux feuilles non lignées, couverts d'une écriture cursive parfaite, avec pleins et déliés, et rédigés en latin ! Reflets d'une époque où la qualité du dessin de l'écriture dévoilait celle du scripteur, et où, à partir d'un certain niveau de culture supérieure, il était de bon ton et habituel, de s'exprimer dans la langue romaine.

Dans cet ordre d'idées, je me souviens aussi d'une scène mémorable dont j'avais été témoin à l'âge où moi-même étais enfant de choeur à l'église d'Athis...


Lors d'un voyage à La Haye Descartes, mon père, en semaine, m'avait emmené très tôt au village voisin de Balesme, pour rendre visite à l'abbé Petit, qui était le vicaire de cette paroisse. L'abbé Petit avait été l'un de ses compagnons d'études au Grand Séminaire de Tours, et ils ne s'étaient pas revus depuis 1914.

Après s'être longuement congratulés, les larmes aux yeux, moitié riants, moitié troublés d'émotion, soudain, à mon grand ébahissement, ils se mirent tout naturellement à s'exprimer en latin, avec les mots en "us" et en "um" de mes "répons" d'enfant de choeur ! Cela dura très longtemps. Puis ils s'interrompirent, et l'abbé Petit me demanda :

-« Maurice, voudrais-tu servir la messe ? Oui ? alors viens t'habiller.

Il me conduisit dans une pièce de la sacristie et me prépara la robe, la courte cape et le calot rouges, ainsi que l'ample surplis de dentelle blanche. Ayant revêtu cette tenue traditionnelle à laquelle j'étais parfaitement habitué pour l'avoir souvent portée lors des offices du dimanche, j'attendis, assis dans une stalle du choeur.

J'entendis des pas, et vis arriver l'abbé Petit en tenue de célébrant, étole brodée d'or et d'argent sur les épaules, tenant le saint ciboire. Il était suivi d'un diacre en soutane noire et aube blanche : C'était mon père !

Mais, "autre"...

Grandi, majestueux, mains jointes, le visage merveilleusement serein, expression recueillie, presque absente...

J'étais stupéfait et admiratif !

La messe ? Je la vécus dans un véritable rêve, surtout lors des chants : Gloria, Crédo, Pater Noster, où mon père assura le répons d'une voix splendide et forte que je ne lui connaissais pas, et qui résonnait dans l'édifice totalement vide !

Puis ce fut le moment de la communion : Mon père, à genoux sur la deuxième marche de l'autel, recevant, extasié, la sainte hostie...

Je n'oublierai jamais les sentiments de piété infinie et l'orgueil que je connus en cette exceptionnelle matinée, dans la pénombre de la petite église de Balesme !

Un peu plus tard, quand fut venu le moment de la séparation, l'Abbé Petit posa sa main sur ma tête pour me bénir, et me dit :

-« Tu as beaucoup de chance, Maurice : Sais-tu que ton père est un homme tout à fait exceptionnel ?

J'opinais vigoureusement de la tête. Bien sûr que je le savais ! Et depuis toujours ! Jamais je n'avais douté un seul instant que mon papa ne soit le plus beau, le plus distingué, le plus intelligent, le plus merveilleux de tous les papas !


Il restait aussi de son passage au séminaire le témoignage de nombreux et superbes livres de distributions des prix, aux riches reliures rouges, gravées en creux et dorées sur tranche... Ils occupaient tout un rayon dans un placard.

Ma mère, dévorée du besoin de faire de la place, et de se débarrasser "de tout ce qui ne sert à rien", décida un beau jour de vendre à un bouquiniste parisien, pour quelques deniers, ces précieuses reliques...

Mon père laissa faire...

De ses années studieuses, il ne sauva de la rage de destruction de ma mère qu'un rond de serviette extensible - en argent, offert par son parrain, dont il se servira toute sa vie, et que, depuis sa mort, j'emploierai avec fidélité, jusqu'au jour où il disparaîtra dans un déménagement... - ainsi que son missel "romain", et une "Imitation de la vie de Jésus". Deux livres pieux qui ne quitteront jamais le chevet de son lit.

J'ai également en ma possession quelques documents épistolaires, témoignages de treize années de séminaire, dont deux missives d'amitié, en forme de poèmes, adressés en 1912 par des amis séminaristes. (Cf. Annexes). Ainsi qu'un troisième : « Mon chien Flamberge », qui atteste de sa sympathie pour le patois berrichon. (Cf. annexe).


Quel destin extraordinaire attendait mon père - et tous les jeunes gens de sa génération - en ce milieu de l'été de l'année 1914 où il n'était question que de guerre ? Mon père plus particulièrement, puisqu'il était prochainement appelé à devenir pasteur d'âmes, et à enseigner la parole du Christ :

-« Paix sur la terre aux hommes de bonne volonté ! »

Les bords de la Creuse à La Haye Descartes, où jouait mon père...

L'église de La haye Descartes, là où mon père fut remarqué pour sa piété.

L'église de La haye Descartes, la vue extérieure de celle-ci.

L'emplacement (rénové) de l'épicerie de la croix verte.

C'est en ces lieux de recueillement que mon père dès l'âge de 11 ans aimait venir se recueillir plutot que de jouer avec ses camarades...

L'ancien emplacement des roues à aubes sur la Creuse, de la papeterie de la Haye Descartes.

La modeste maison de gardien, où vécurent mes grands-parents NONET.

La gare (désaffectée) de La Haye Descartes.

Mon Grand-père... âgé d'environ 40 ans

La grand-mère NONET au temps de la Croix Verte avec ses filles Léa et Yvonne, vers 1907.

Mariage de Roger, le frère de mon père, en 1913.

Le grand-père NONET et la grand-mère, en 1913.

Roger, et sa femme Herminie, à leur mariage.

Léa, la soeur de Fernand, rencontre Aristide Cassius, son futur mari en 1913.

HERMINIE, après son remariage, et son fils Roger.

Le prêtre qui remarqua la piété exceptionnelle de mon père, quand il était enfant.

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Maurice NONET
Dernière modification le : January 31 2007 19:11:33.
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