Racines

Lignée HENRIOT-ROYER

Au niveau généalogique, en ce qui concerne mes ancêtres maternels, je me suis heurté au départ à des difficultés identiques : Absence de tous documents en dehors de ceux remontant à Crévic pour les Royer, et pour les Henriot, je savais seulement qu'ils étaient originaires du village de Laneuvelotte près de Nancy.

La chance me sera favorable.

J'aurai l'occasion de rencontrer un propre cousin, Jacques Chamagne, qui était le Président du Cercle Généalogique de Lorraine ! Cousin parce qu'une Léonie Chamagne avait épousé, en secondes noces, le père de mon grand-père Henriot !

C'est grâce à ce parent obligeant et compétent, que j'ai pu reconstituer la généalogie des Henriot Royer. (cf. annexe "Généalogie).

Huit générations de Henriot précédèrent celle de ma mère. L'ancêtre le plus ancien de la lignée est un Nicolas Henriot, né vers 1630, à Liéhon, à proximité de la ville de Metz.

Cette localité et ses voisines, Gouin et Pontoy, abriteront quatre descendances de ce Nicolas, jusqu'à un Sébastien, né en 1774, qui viendra s'installer près de Nancy à Laneuvelotte.


Trois générations se succéderont ensuite en ces lieux, dont celle de mon grand-père actuel Sébastien, dit Jules.

Remarquables Henriot ! Féconds ! Véritable dynastie ! Trois Sébastien successifs, dont le premier (21/9/1690) aura neuf enfants dont cinq garçons, le second (22/11/1725), douze dont cinq de sexe masculin, et le troisième (12/5/1774), trois filles et cinq héritiers. Ensuite un Jacques (14 thermidor an 8) aura d'un premier mariage deux garçons, deux filles, et d'un second trois filles. Mon arrière grand-père, Claude Prosper (7/10/1834), en deux mariages, cinq filles et deux garçons. Mon propre grand-père, Jules, (24/8/1868), en trois mariages six enfants, deux fils décédés et quatre filles...


1630... A cette époque la région de Metz fait partie de l'ancien Empire de Charlemagne, dont avait hérité Charles Quint. C'est ce qui explique d'ailleurs l'origine germanique du nom Henriot, dérivé de Henri, prénom courant Outre Rhin.

Metz... Ville plusieurs fois historique. Malheureuse contrée qui fut le théâtre de tant de combats, de campagnes militaires, et le lieu fatidique du flux et du reflux de tant d'armées ! Dans ce contexte, la vie de ces hommes et de leurs familles ne dut pas être facile.

Donc, les Henriot furent à l'origine, sujets de la Couronne Germanique pendant plusieurs siècles. Le premier Henriot à devenir français sera Sébastien III, aux temps de la Révolution Française.

Comme les Nonet, les Henriot se sont mariés souvent entre vingt cinq et trente ans, sans doute pour les mêmes raisons économiques et familiales.

Il apparaît qu'ils vécurent parfois très longtemps pour l'époque : 85 ans pour Sébastien III. Sébastien II, décédé à 40 ans, mais il a dû être victime d'un accident car un fils posthume naîtra quatre mois après sa mort. Sébastien IV, 87 ans. Et Sébastien V (mon grand-père), 86 ans !

D'une manière générale, il semble que les épouses Henriot ne bénéficièrent pas de la même longévité: sans doute en raison des nombreuses maternités que leur assurait la vigueur de leurs maris.

Dernière remarque : Il est vraisemblable que c'est à l'occasion du changement de gîte des Henriot de la région de Metz vers celle de Nancy (Sébastien III) que les Henriot devinrent éleveurs ou bouchers, de père en fils.


Les recherches du côté de ma grand-mère Marie Royer, furent d'une grande difficulté.

En effet, l'origine de ce nom - anciennement « Rouayer » - désignait des fabricants de "roues" - laissait supposer qu'ils eurent sans doute souvent l'occasion ou l'obligation de se déplacer d'une région à une autre, ne serait-ce qu'à la suite des nombreuses guerres et campagnes militaires qui ravagèrent la Lorraine.

Sans difficulté, on remonte jusqu'à un Nicolas Royer, né vers 1800, le père de mon arrière-grand-mère Marie. Mais au-delà : Mystère !

Ce fut alors un cas exemplaire d'investigations généalogiques minutieuses, véritable enquête policière où il fallait patiemment explorer toutes les pistes, toutes les hypothèses... Il fallut tout le talent de mon cousin généalogiste, Jacques Chamagne, tout son acharnement, toute son expérience et la masse de renseignements enregistrés dans la mémoire de l'ordinateur dont disposait le Centre Généalogique Lorrain, pour parvenir, enfin, à faire sauter le verrou du dernier Nicolas...

Jacques Chamagne avait résumé à mon intention le processus de ses recherches. A titre documentaire et pour le remercier, je cite le courrier qu'il m'avait adressé à ce sujet :


-« ... Cette généalogie était bloquée au couple: Nicolas Royer et Barbe Appoline Gougelin.

« De Nicolas Royer je n'avais ni les dates et lieu de naissance, ni les date et lieu de leur mariage, ni ceux de leur décès.

« J'ai cherché pendant une semaine au moins un de ces trois actes... et j'ai découvert à Nancy et non dans la région de Metz, son acte de décès !

« Nicolas Royer, après le décès de son épouse Barbe Apolline Gougelin, va vivre chez son fils Louis Albert à Nancy, où il meurt le 10/3/l875. Sur son acte de décès n'est pas signalé le nom de ses parents! Par contre, il est dit né à Lesse (Meurthe), maintenant Moselle, parce qu'à cette époque la moitié de la Lorraine était annexée à l'Allemagne.

« J'ai donc cherché à Lesse. Aux Archives Départementales de la Moselle: j'y ai trouvé deux Nicolas Royer, mais aucun qui correspond à mes critères. Un est mort jeune, l'autre marié beaucoup plus tard et... résidant toujours à Lesse et non à Crévic. Donc impasse totale!

« Et puis, en consultant un vieux dictionnaire topographique, je me suis aperçu que Lesse et la commune actuelle voisine de Chenois, ne faisaient qu'une seule et même paroisse avant la Révolution! L'une étant l'annexe de l'autre, les prêtres desservants avaient établi des actes de baptême séparés pour l'une et l'autre. J'ai donc repris les registres de Chenois.

« Or, surprise, pas de Nicolas, mais un Jean-Nicolas! Son acte, très mal écrit, dit qu'il est un enfant "femelle"! Mais le « fe », est barré, et le « l » de « melle » est surchargé d'un « a », soit le graphisme: « fe » barré, « malle », dont un « l » est barré, donc « male »! De plus, il semble qu'il s'agisse d'une naissance en l'an Vl, mais que par suite d'une erreur d'écriture, elle soit indiquée de l'an Vll !

« Quelle pagaille!

« J'ai donc remonté la généalogie d'après les parents de ce Jean ­Nicolas, que, vérification faite, je n'ai pas trouvé décédé ni à Lesse, ni à Chenois. Je considère donc qui il est le personnage recherché avec une petite réserve que, j'espère, effacerai lorsque j'aurai trouvé le mariage Royer - Gougelin.

« A ce sujet, j'ai cherché dans toutes les tables de l'ancien arron­dissement allemand de Château Salins (Meurthe avant l872), les dites tables étant encore déposées à Nancy. Je n'ai pas trouvé leur mariage! J'ai cherché également dans tous les villages où il y avait des Gougelin... Rien! Enfin, "Dieu hasard" étant généalogiste, peut-être que plus tard...

« Quant à Appoline Gougelin, j'ai pu remonter dans ses ancêtres, grâce à nos tables de mariages. Mais là encore, si elle est bien née à Lemmoncourt (Meurthe), par contre ses parents ne s'y sont pas mariés, ils n'y ont vécu que peu de temps, et ont disparu... Comme c'est simple!

« Je pense que la grande mobilité de ces familles venaient de leur profession, rouayer.

« Quoiqu'il en soit, je pense raisonnablement que ce Jean-Nicolas est bien votre ancêtre Nicolas qui s'est installé à Crévic, dans la profession de meunier cette fois, entre 1820 et 1825. »


Ainsi était expliqué l'origine de la famille Royer.


Bien sûr, j'ai fait un pèlerinage aux lieux d'origine de ma famille maternelle, notamment à Liéhont, où vécurent cinq générations de Henriot, dont ce Nicolas Henriot né vers 1610.

C'est un minuscule village au milieu d'une agréable campagne à peine vallonnée, propice aux cultures et à l'élevage. Son ancienne église, restaurée à la suite d'un incen­die, est entourée d'un très ancien cimetière. Juste à côté, un édifice est en construction.

J'interroge l'ouvrier qui y travaille :

-« Connaissez vous des Henriot ?

-« Des Henriot ? Bien sûr, d'ailleurs il y en a encore au village... Il y en a toujours eu... Ces jours derniers, en creu­sant le sol, j'ai trouvé une vieille pierre tombale qui portait justement le nom Henriot, datée de 1730 ou 1830, je ne me souviens plus... Je l'ai envoyée à la décharge !

Pontoy ne devait compter que quelques fermes et hameaux à en juger par la taille très modeste de son église, trapue et massive, elle aussi entourée de son vieux cimetière. Deux vétustes monuments de pierre, couverts de mousse, portent le nom Hanriot, avec un A, fantaisie orthographique d'Etat Civil, comme Nonet et Nonnet...


A l'issue de ces recherches généalogiques, Henriot-Royer, s'était trouvé confirmé ce que j'avais ressenti aux temps de ma jeunesse: la disparité de fécondité entre la souche de mon père et celle de ma mère.

De plus, quand j'étais très petit enfant, physiquement, j'avais été fortement impressionné par l'apparente fragilité de mon grand-père Nonet, comparée à la sta­ture imposante du quintal vigoureux du Jules Henriot !

Cette fragilité que j'ai prêtée aux Nonet m'incitera, dès que je serai devenu adulte, à penser qu'il serait sans doute bon pour ma descendance d'enrichir mon sang, déjà puissamment régénéré par celui des Henriot-Royer, par un apport extérieur généreux.

Car j'avais le projet de me donner, le moment venu, une belle, nombreuse et riche postérité...

Campagne de LIEHONT.

L'église de LIEHONT.

LIEHONT ! 5 générations de HENRIOT (HANRIOT) depuis un ancêtre NICOLAS qui vécut aux temps de HENRI IV.

Eglise de PONTOY... un sébastien HENRIOT, né vers 1773

Eglise de LANEUVELOTTE. où naquit mon grand-père, le 'Jules'. Ici mourut son ancêtre Jacques (1868) et vécut son père, Claude-Prosper 1834-1867

Eglise de GOIN

Enfin, quittant l'Allemagne la famille HENRIOT arrive en France à LANEUVELOTTE...

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Maurice NONET
Dernière modification le : January 31 2007 19:12:07.
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