Racines

L' ENFER DE LA GUERRE !

L'enfer de cette guerre va durer plus de quatre ans, avec une intensité encore jamais atteinte au cours de l'histoire ! Il embrasera toute l'Europe, de l'est à l'ouest, sur le front français et sur le front russe. Des masses de soldats vont être jetées dans les batailles - dix millions de combattants - et exposées à l'intensité de la puissance de feu d'armes nouvelles engendrées grâce au développement de l'industrie sidérurgique, car les progrès de la science ont été mis au service des mauvais génies de la guerre !


Mon père en sera l'un des héros obscurs, parmi trois millions d'autres soldats français. Un témoin qui survivra à tous les combats qui mettront en péril la patrie, entre le 3 août 1914 et le 11 novembre 1918 !


Andrei, sous l'uniforme et le casque allemand, soldat « malgré lui » polonais, connaîtra lui aussi toutes les vicissitudes de cette guerre de l'Allemagne contre la France et la Russie.


Le sacrifice des plus belles années de la jeunesse de ces deux hommes à la fureur des batailles, mérite bien que ceux auxquels je destine ces pages leur accordent quelques heures d'attention et de reconnaissance... Car c'est la somme de leurs épreuves, souffrances, blessures, endurées et reçues pendant ces années d'apocalypse, qui a permis à la France et à la Pologne, de ne pas subir définitivement l'hégémonisme allemand !

En évitant l'ennui d'un cours magistral sur le déroulement de cette première guerre mondiale, il est pourtant indispensable d'en rappeler les grandes lignes.


L'Empire Allemand, allié à l'Empire Austro-Hongrois, avait déclaré la guerre à la Russie et à la France les 2 et 3 août 1914. L'Angleterre s'était aussitôt rangée à nos côtés.

L'Allemagne devait faire face à deux fronts : A l'ouest la France, à l'est la Russie.

Concernant celui de la France, secrètement, le Haut d'Etat-Major de Guillaume II avait adopté le plan stratégique audacieux du Général Schlieffen, qui consistait en une offensive massive vers la France qui abandonnera l'axe habituel par la Lorraine, Châlons, Epernay, Meaux - pour celui du nord, avec pour objectif, Paris.

Ce nouveau plan prévoit l'invasion de la Belgique et le déferlement des armées allemandes par les plaines de Flandres, vers Cambrai, Arras et Soissons, pour investir la capitale, débordant ainsi la majorité des troupes françaises massées en Lorraine. Grâce à ce stratagème, Schlieffen a prévu une victoire totale sur le front ouest en six semaines !

Ensuite, il a imaginé de transférer de la totalité des armées allemandes sur le front russe, pour anéantir celles du Tzar, innombrables mais sous équipées, en quelques batailles.

Ainsi, avant le début de l'hiver 1914, tout devait être achevé. La victoire et la domination des Empires Centraux sur l'Europe, serait assurées pour longtemps.


Conformément donc au plan Schlieffen, en septembre 1914, les hordes allemandes parviennent aux environs de Meaux, à soixante kilomètres de Paris. C'est alors que le haut Etat-Major allemand décide, à ce stade, de changer de stratégie : Au lieu de poursuivre vers la capitale, le gros des forces allemandes entreprend un mouvement tournant vers l'Est pour encercler et anéantir la masse des divisions françaises engagées en Lorraine...

Aussitôt, une contre-attaque désespérée des armées françaises auquel s'est joint celle de Paris, bouscule et contraint à la retraite la masse des divisions allemandes en cours de mouvement. Ce sera le miracle de la bataille de la Marne.

Un mois plus tard, les armées allemandes tenteront d'isoler la France de son alliée l'Angleterre, en s'emparant des rivages de la Manche et de la Mer du Nord. Une véritable course à la mer s'engagera au travers de la plaine des Flandres belges inondées par la rupture volontaire des digues de l'Yser. Ce sera une tuerie sans pitié, dans l'eau et la boue...

Et un autre échec pour Guillaume II.

Epuisées, les armées des belligérants s'enterreront dans des trous, face à face, immobilisées. Début de la terrible guerre des tranchées.

Pour rompre cette meurtrière stagnation, les généraux français lanceront de coûteuses offensives en Artois et en Champagne, sans résultat décisif, fin 1914 et début 1915.

Plus contraignant à terme, un blocus économique sera imposé à l'Allemagne grâce à la supériorité incontestable des marines de guerre franco-anglaises.

L'adversaire y répondra par l'emploi massif d'une arme nouvelle : Les sous-marins !

L'étranglement de ce blocus économique incitera l'Etat-Major allemand en 1916, à frapper un coup décisif sur le front français : Une offensive frontale massive pointée sur Paris... Ce sera, en février, la prodigieuse bataille de Verdun ! Le sort de la France sera en jeu.

En avril 1916 la guerre sous-marine allemande contre tous les navires marchands, y compris les neutres, atteindra des sommets : 471 bateaux seront coulés! Certains sont américains, notamment le transatlantique Lusitania. Cette situation déterminera l'entrée en guerre des Etats-Unis à nos côtés, le 6 avril 1917.

Dès lors, la supériorité en matériel de guerre et en nombre de combattants, va changer de camp !

Pour dégager Verdun, l'Etat-Major français attaquera successivement sur le front de l'Aisne, de la Somme, et des Flandres, sans autre résultat que des centaines de milliers de morts...

Menacé d'étranglement par le blocus que lui imposent les alliés, l'Empire Allemand va tenter un suprême effort favorisé par l'effondrement du front russe lors du traité séparé de Brest Litowsk en 1917 : Il rameute à l'est toutes ses forces, face à Paris, dans le secteur de Saint-Quentin.

Le 19 mars 1918, le jour de la Saint Michel - héros légendaire germanique - il lance une prodigieuse offensive vers la capitale. Un million d'hommes sont engagés !

Mais elle sera stoppée.

Car, le 18 juillet, débouchant de la forêt de Villers-Cotterêts, déferlera la contre-attaque française, qui obligera l'armée allemande à repasser la Marne, puis l'Aisne !

Stupeur allemande... Le Général en Chef, Ludendorff télégraphiera à l'Empereur Guillaume II : « Ce jour est le jour de deuil de l'armée allemande ! »

Le 18 juillet marquera en effet le tournant de la guerre. De ce jour les forces germaniques ne cesseront de battre en retraite, et ce jusqu'à une ligne Anvers-Meuse, atteinte le 3 novembre 1918.

Une autre offensive, décisive vers le coeur de l'Allemagne, sera prévue pour le 14 novembre, par le Maréchal Foch.

Mais le 11 novembre 1918, les plénipotentiaires de l'Empire Germanique demanderont un armistice qui équivalait à une capitulation.

La France avait finalement gagné une guerre de cinquante et un mois ! Une incontestable victoire.

Mais à quel prix ?

Celui de 1 400 000 morts et 3 000 000 de blessés et mutilés ! De 10 départements complètement dévastés, et de 150 milliards de francs or en dépenses militaires...

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Maurice NONET
Dernière modification le : January 31 2007 19:13:21.
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