Racines

VERDUN.

L'offensive allemande de 1915 sur le front russe avait été un succès décisif : Les armées du TZAR, taillées en pièces, avaient dû ce replier en catastrophe abandonnant des hordes de prisonniers et la majeure partie de leur matériel, 300 km à l'est, le long du fleuve Dniestr...

Débarrassé de son adversaire russe, l'Empereur GUILLAUME Il a fait glisser à l'ouest le gros des armées qui avait été engagé contre la RUSSIE...

Une fois encore, l'ALLEMAGNE dispose de la supériorité numérique, en hommes et matériels.

D'autre part, il a demandé à une commission militaire d'étudier les meilleurs moyens pour venir à bout de la résistance française.

Le Général FALKENHAVEN, qui a remplacé de MOLKE après la défaite de ta Marne, choisit de frapper un coup décisif à Verdun. Dans son analyse il estimait que : "la FRANCE était arrivée à la limite de son effort militaire... A la limite du courage des populations civiles... Qu'il existait a portée des armées allemand des objectifs militaires pour la conservation desquels le commandement français serait obligé d'employer jusqu'à son dernier homme... Il n'agissait de Verdun ou de Belfort. Verdun, de préférence, qui était la plus redoutable place d'armes du front de l'Est... Ainsi, à Verdun serait "saignée" l'armée française, entraînant sa défaite.

Le plan FALKENHAVEN fut retenu. Sa mine en application commença dans le plus parfait secret fin 1915, dans la région des Hauts de Meure. Une concentration massive de moyens encore jamais réalisée jusqu'à ce jour sur un front aussi réduit, fut installée : 6200 canons de tout calibre, depuis l'obusier de tranchée jusqu'au canon géant de 420 mm capable de défoncer tes forts les plus modernes, ainsi qu'une prodigieuse quantité de munitions, un million d'hommes, deux usines de gaz asphyxiants !

On saura, plus tard, lorsque après guerre seront dépouillés les documents des deux armées en présence, l'effrayante disproportion en artillerie, des adversaires : En janvier 1916, du côté français, le secteur de Verdun est défendu par 130 canons de campagne et 140 canons lourds. En face, 3000 canons de campagne, 2000 obusiers, 1200 canons lourds, une centaine de super canons sur voie ferrée de 305 à 380 mm et 13 monstres de 420... D'autre part, l'infanterie ennemie vient être dotée d'obusiers de tranchées et de Minenvenfer.


Dans la stratégie allemande, l'artillerie a le rôle primordial et décisif : Tout écraser !

Les 420, de 40 kms, les coupoles blindées et les plus résistantes fortifications.

Les 305 et 380, de 30 Km, les ouvrages bétonnés.

Les 210 et 155 défonçant les abris à 15 km.

Les 77 aux tirs rapides, les tranchées, boyaux et barbelés.

Enfin les obusiers ont pour mission de niveler le terrain et d'enterrer les derniers survivants... Trois mois d'approvisionnement en projectiles étaient à pied d'oeuvre...

Le parc d'artillerie française, lui, dispose d'une semaine de tir.

Car le Haut Etat-major français prône une philosophie de revanche à base de guerre de mouvement : "A Berlin ! Sa synthèse ce résume par la formule inscrite dans tous les manuels militaires de l'époque : "Attaque à la baïonnette" ! - "Offensive à outrance" ! Selon non stratèges, rien ne pourra arrêter l'élan de nos troupes ! Donc à quoi bon toutes ces fortifications moyenâgeuses ? Qui, de plus, risquent par l'idée de sécurité qui ce dégage de leur puissance, de nuire à l'esprit offensif qui doit être celui de l'armée française ! Donc la meilleure solution, c'est de les désarmer !

Parfaitement ! Entre 1914 et 1915, on va désarmer de son artillerie la ceinture fortifiée de Verdun ! Retirer aux forts de Vaux, Douaumont, Souville, toute leur artillerie de citadelle ! Quand ce déclenche l'attaque allemande, il est trop tard pour réparer la criminelle erreur... La perte de ces forteresses s'explique alors... Il ne reste que la poitrine des fantassins, et leur héroïsme surhumain...

C'est ainsi notamment que la pièce maîtresse du camp retranché de Verdun, Douaumont, sera investi par la 8ème Compagnie (une centaine d'hommes) du 24ème régiment de Brandebourg, commandée par le Lieutenant Von BAUDRIS, qui racontera dans ces mémoires :

"...parvenus à 700 m du fort, distance assignée par l'Etat-Major pour permettre un dernier bombardement massif de l'objectif par des obusiers gros calibres, j'arrête mes hommes avant l'ultime assaut... Il neige... Devant moi, les Français fuient pour s'abriter... Alors je prends une décision audacieuse : « En avant, objectif : Douaumont !... »

Notre petite troupe arrive sur les fossés, constate qu'il n'y a pas de défenseurs dans les coffres de flanquement... Elle cisaille les barbelés, se laisse glisser avec des perches dans les fonds, escalade le massif du fort et se laisse tomber dans la cour centrale dont les portes des casemates sont ouvertes... Elle s'y engouffre et ce trouve nez à nez avec une cinquantaine de Français éberlués et sans armes ! Nous nous comptons : Nous sommes 96. Les Français avaient abandonné Douaumont, presque sans combat. Leur artillerie était inexistante... ».


Ainsi s'écrit l'histoire ! C'est par la conséquence d'une erreur de stratégie de l'Etat-Major français, que sera pendue la pièce la plus puissante du dispositif défensif de Verdun – Douaumont - dès les premiers jours de la bataille, le 25 février 1916 !

Et c'est ainsi que, dès les premiers temps de la bataille, la méthode allemande va triompher inexorablement. En quelques jours, plusieurs millions d'obus vont s'abattre sur les premières lignes françaises, puis, le tir s'étant allongé pour interdire la montée de renfort, l'attaque de l'infanterie allemande déferlera pour occuper le terrain à l'aide de lance-flammes, et précédée pas une nappe de gaz asphyxiants !

Le sort de la guerre parut favoriser l'ALLEMAGNE. Tous les forts blindés protégeant Verdun tombèrent un à un : Douaumont, Vaux, et Souville, sous les coups des gigantesques canons allemande de 420 mm sur voie fermée, dont les obus de 820 kilos écrasèrent les voûtes les plus épaisses.

La situation de Verdun est extrêmement critique. Le Général PETAIN, responsable de la défense du front, doit faire appel d'urgence à toutes les meilleures unités disponibles pour sauver la situation, car en arrière de la citadelle, il n'y a plus aucune défense fortifiée susceptible de protéger Paris. La FRANCE est en danger.

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Maurice NONET
Dernière modification le : January 31 2007 19:16:21.
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