Vivre à 20 ans une guerre perdue

BORDEAUX. MADAME D.

Bordeaux en avril 1940 !

Grande ville bourdonnante, gonflée par la population des entreprises et des usines repliées des régions de Lorraine et d'Alsace, trop proches de la ligne de feu. Usines utilisatrices de gros tonnages venus des pays lointains, Amérique du Sud, Afrique de l'Ouest, transitant par son port.

C'est la raison de l'implantation, en zone portuaire, de la toute nouvelle usine des Aciéries de Rombas qui rapidement émerge de terre. Prouesse technique, car les lourds fours et laminoirs devront être établis sur “ pilotis ”, dans un sol alluvionnaire.

Les services administratifs sont déjà à pied d'œuvre et entendent utiliser les machines à statistiques Hollerith. Les premières caisses en provenance des U.S.A. arrivent.

La recherche du gîte et du couvert me sera facilitée par la proposition du futur chef de ce service, M. D., qui me propose une location dans sa propre habitation, en vue de profiter ainsi pleinement de mes services initiatiques.

S'il y avait un bénéfice pour M. D. quant aux services initiatiques que j'étais censé lui apporter, ceux-ci furent parfaitement partagés...

En effet, le cher M. D. était marié à une charmante jeune femme d'une trentaine d'années, brune, vigoureuse et résolue, qui très vite me fera partager ses ardeurs grâce à une pratique quotidienne, et selon un programme soigneusement organisé par elle le matin, en utilisant le décalage des heures de départ au travail de ses deux partenaires...

Rapidement, m'ayant expérimenté de différentes manières, elle choisira finalement de me donner le maximum de satisfactions en m'utilisant de surprenante façon : Comme un jockey, son cheval, et mettant ainsi à l'épreuve mon endurance de sportif...

Dans cette situation privilégiée j'aurai tout le loisir d'observer sa nudité au cours de sa gymnastique si particulière... Au point que je ne pourrai m'empêcher de penser en constatant en pleine lumière les excès de ce comportement :

-“ Mon Dieu, que les femmes sont compliquées pour penser devoir se livrer, avec une telle frénésie, à cette gesticulation forcenée accompagnée de soupirs halètements et cris, pour augmenter notre plaisir !

Mais en jeune homme parfaitement bien élevé, je me garderai bien de faire la moindre observation, concluant que cette « danse » était un numéro mis au point par ma cavalière dans le but de rendre encore plus heureux ses amoureux partenaires !

D'ailleurs, si l'exercice jockey m'avait surpris, presque choqué les premières fois, je dois avouer que j'y prendrai très vite un goût extrême ! Le spectacle et les effets de cette exaltation corporelle et sonore augmentaient encre - si besoin était - mes ardeurs de jeune homme, d’autant mieux que leur crescendo correspondait exactement avec le mien... Quelle artiste ! Cette danse deviendra bientôt un complément indispensable à mon parfait bonheur.

Combien sur ce plan me semblait fade, sans relief ni couleur, le souvenir de ma première conquête, la prude et réservée Béatrice… J'apprendrai ainsi qu'en amour, toutes les femmes n'étaient pas également douées dans l'art de nous faire atteindre des sommets de félicité !

Somptueux quiproquo qui obscurcissait encore mes connaissances amoureuses... Décidément, quel garçon peu futé je pouvais être !

Reconnaissant et consciencieux, le soir, je transmettais à mon tour ma technique des “ machines à statistiques”, à monsieur M. D…. Son épouse nous observait avec bonté, attendant patiemment l'heure du coucher où elle retrouverait son mari...

Merveilleuse, courageuse et généreuse madame M. D., qui se dévouait ainsi sans compter pour le bonheur de deux hommes, matin et soir !


Ces mois bordelais seront heureux, en dépit de la progression tragique des événements qui se déroulaient en Europe. Mais la guerre pour l'instant, semblait épargner la France dont les armées étaient recroquevillées derrière la ligne Maginot.

Pourtant la stratégie allemande allait nous réserver une surprise de taille. On l’attendait sur le Rhin, voilà qu’à la surprise générale elle déferle au nord, contre le Danemark d’abord, puis vers la lointaine Norvège, le 9 avril 1940 !

L’effet de surprise sera total, et la résistance norvégienne vaine. Nos chasseurs alpins tenteront d’intervenir, en s’emparant du port minéralier de Narvik, ce qui permettra à notre propagande de proclamer bien haut :

-“ La route du fer est coupée !

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Maurice NONET
Dernière modification le : March 02 2007 13:42:53.
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