Vivre à 20 ans une guerre perdue

LIVRE II
LE GLAIVE SE RETOURNE

EVENEMENTS MAI - DECEMBRE 1942

La mondialisation du conflit nous oblige à découvrir, de l’autre côté de la planète, des espaces et une autre forme de guerre toute aussi implacable, entre les Américains et les Japonais : La guerre aéronavale.

Le 8 mai 1942, première bataille de l’histoire, exclusivement menée par des avions embarqués, sans que jamais les flottes ne soient en contact direct !

Elle vient de se dérouler en mer de Corail, à l’est de la Nouvelle Guinée : La flotte japonaise qui devait appuyer un débarquement au sud de cette l’île, et qui comptait 3 porte avions dotés de 125 avions, et accompagnés par 24 bâtiments d’escorte, a été interceptée par la flotte américaine.

Celle-ci est constituée de 2 porte-avions, 143 avions, et 20 navires d’accompagnement.

Après cinq jours de combats, un porte avions a été coulé de part et d’autre. Mais le débarquement a échoué ! Pour la première fois, les japonais ont subit un coup d’arrêt.

Nouvelle bataille aéronavale le 6 juin. L’amirauté japonaise poursuit ses plans d’expansion vers les îles Aléoutiennes et Midway, à l’ouest des îles Hawaï. L’essentiel de la flotte nipponne est engagé, soit quatre porte avions géants et un corps de bataille.

Le 3 juin, un avion de reconnaissance américain repère l’armada ennemie. Le soir même, une première vague de bombardiers tente de l’arrêter, suivi dans la nuit par des avions torpilleurs.

Le lendemain, les japonais attaquent Midway. Ils disposent d’une légère supériorité aérienne. Mais au cours de l bataille, les quatre porte avions nippons sont coulés, tandis que les américains conservent deux porte avions sur trois, le York Town ayant été coulé à l’aube.

Sans couverture aérienne, l’amiral Yamamoto ordonne la retraite et abandonne le projet de conquête de Midway.

Ces premières victoires de la flotte U. S. depuis l’agression de Pearl Harbour, auront un retentissement mondial considérable. L’invincibilité nippone sera mise en doute. Il apparaîtra que tout le poids de l’industrie de guerre américaine, commençait à se faire sentir.

Quelques mois plus tard, le réveil de la puissance américaine sera encore confirmé dans l’opération de l’île de Guadalcanal, où se démontrera toute la pugnacité de ses unités terrestres d’exception, que l’on s’habituera à connaître sous le vocable: “ les Marines ” !


Par contre, sur le front du Moyen Orient, l’inquiétude est grande. Une nouvelle offensive du diabolique général Rommel menace l’Egypte, et surtout le canal de Suez essentiel pour les Anglais ! Devant ce péril extrême, Churchill confie au général Montgomery la responsabilité suprême de ce secteur, et lui fait parvenir des renforts considérables.

Le 3 novembre, au son des fifres écossais, la contre- offensive britannique se déclenche à El Alamen, dont le nom s’inscrira dans l’histoire ! Victoire qui contraindra Africa Corps à battre en retraite, mettant en défaut la légende de l’invincibilité de Rommel !

Pour raccourcir son front et se rapprocher de ses bases, il choisit d’envahir notre protectorat tunisien, le 9 novembre.

Réalité, ou intoxication pour troubler l’ennemi ? Radio Londres parle de l’imminence d’un débarquement en France… Chacun s’interroge sur son lieu, avec une préférence pour la région du Pas de Calais en raison de sa proximité des côtes anglaises.

D’ailleurs, en confirmation de cette hypothèse, toutes les nuits les fortifications que les allemands ont édifiées dans cette région sont systématiquement lourdement bombardées.

Vain espoir… Une tentative de débarquement a lieu à Dieppe ! 5000 canadiens et 1500 soldats anglais sont lancés à l’assaut des plages proches de cette ville.

Ce sera un échec cuisant ! Trois mille hommes tués, et un important matériel sophistiqué abandonné à l’ennemi... Echantillonnage technique qui sera soigneusement étudié par les ingénieurs allemands.

Surprenant, la ville de Dieppe n’a même pas soupçonné l’engagement, tant celui ci a été bref ! La propagande ennemie aura une fois de plus – après Dieppe - beau jeu pour proclamer l’invincibilité de ses fortifications du littoral !

Sur le front de l’est, la percée des forces nazies sur la Volga et leur arrivée devant les faubourgs de Stalingrad, place les Russes devant une situation aussi grave que lors de l’offensive allemande devant Moscou...

Stupeur ! Le 8 novembre, le débarquement des forces anglo américaines a bien lieu, mais il s’effectue bien loin des côtes de la métropole...

Une formidable armada aéronavale, dotée d’un matériel fantastique, dépose 100.000 G.I.’s qui investissent les côtes du Maroc et de l’Algérie sans rencontrer de réelles difficultés : Alger et Oran tombent. L’Algérie et le Maroc seront libérés en moins d’une semaine, la frontière tunisienne atteinte peu après.

Avec un soulagement évident pour les français, quarante huit heures après le débarquement, l’amiral Darlan - se désolidarisant du gouvernement de Vichy - se rallie au général Eisenhower et demande aux troupes françaises de ne pas résister aux alliés. Peu après, Dakar fera également allégeance à l’amiral.

En France, la réaction des allemands - qui soupçonnent le gouvernement de Vichy de ne pas avoir donné des ordres suffisamment énergiques de résistance contre le débarquement allié, et surtout redoutant un ralliement de la marine de guerre basée à Toulon - est foudroyante : Toute la zone sud, dite libre, est brusquement envahie le 11 novembre. La petite armée française tolérée par l’armistice, est immédiatement désarmée.

Le sanctuaire de Toulon est investi. Dans sa rade se trouve une grande partie de ce qui reste de notre flotte de guerre, à quai, toutes chaudières éteintes, et désarmée.

Le 27, n’ayant aucune possibilité de fuite, nos marins préfèreront saborder leur bâtiments plutôt que de subir l’ennemi ! En vingt quatre heures, nos trois cuirassés ultra modernes, orgueil de la Royale, dont le Richelieu et le Jean Bart, sept croiseurs, une cinquantaine d’unités et douze sous- marins seront incendiés et coulés ! Les équipages ont présenté les armes aux navires en flammes.

Ces deux énormes événements - l’invasion de la zone libre et le sabordage de notre flotte de guerre -, seront cruellement ressentis par tous les français. C’est l’achèvement de notre défaite, les dernières gouttes de la lie de la coupe de l’humiliation !

Toutefois, je me console en pensant que le tigre allemand a été une fois de plus touché. Qu’il n’a plus l’initiative, et que désormais il n’a que la possibilité de tenter de parer les coups qui lui sont assénés sur tous les fronts. Et surtout, que la puissance mécanique des armes et leur nombre, est en train de changer de camp : La toute puissance de l’industrie américaine pèse enfin de tout son poids dans la balance du destin !

Le glaive se retourne !

Autre symptôme prouvant que le grand Reich est aux abois : Les conditions de l’occupation vont encore s’alourdir : La redevance journalière due aux allemands sera portée arbitrairement à 500 millions de francs par jour !

Autre réaction : le Maréchal Pétain limoge Darlan parce qu’il a pactisé avec les américains, mais, étrange ambiguïté, il ne l’accusera pas de trahison...

Cette ambiguïté confirmera une hypothèse partagée alors par une partie importante de la population française, et à laquelle je voudrais croire : Un accord tacite et secret entre le Maréchal Pétain et le Général de Gaulle… Chacun des acteurs s’opposant sur la forme, mais confidentiellement en accord sur le fond... De Gaulle comprenant parfaitement les manœuvres du chef du gouvernement de Vichy pour tenter de sauver le maximum de prisonniers français en tentant d’amadouer les allemands, et louvoyant au mieux pour préserver l’avenir. Tous deux prêts à se réconcilier lors de la libération du territoire !

En écho à cette hypothèse, il semble d’ailleurs que le rôle du maréchal Pétain devient, volontairement ( ?), seulement représentatif... Le vrai pouvoir étant maintenant exercé par Laval, qui prend ainsi le risque d’être condamné par l’histoire, en se fourvoyant comme allié inconditionnel de Hitler.


Au cours de mes voyages, je recueille de curieuses informations : Il semble que dans la région des carrières vallonnées de Saint Omer, les allemands ont évacué toutes les populations civiles... Qu’une prodigieuse activité du génie militaire allemand - qui utilise des légions de prisonniers russes - entame de gigantesques travaux. Que d’immenses souterrains profondément enterrés pour résister aux bombes les plus puissantes, y sont creusés... Dans quel but ?

Les hypothèses les plus extravagantes sont émises. Depuis celle de supers canons à induction électrique capables de projeter des obus de 150 millimètres à 200 kilomètres de distance à la cadence de mille projectiles à l’heure, à celle de mystérieux engins volants sans pilote capables de transporter une bombe d’une tonne...

Tout cela confirmerait les annonces faites tous les jours à la radio officielle, de la mise en œuvre d’armes nouvelles et dévastatrices de représailles, inventées par les laboratoires secrets nazis... Il doit y avoir du vrai dans ces menaces, car désormais toutes les nuits des milliers de super forteresses effectuent des missions de bombardement dans cette direction.

Conquêtes allemandes en Europe et en Afrique du Nord de 1939 à 1942.

Toulon. Le 27 novembre 1942, la flotte française se saborde sous les yeux des allemands...

Un croiseur sabordé, se couche en rade de Toulon...

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Maurice NONET
Dernière modification le : March 02 2007 13:46:17.
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