Vivre à 20 ans une guerre perdue

LE GHETTO JUIF POLONAIS. AUTRES OPERATIONS MILITAIRES

Par la radio de Londres, on apprend – avec inquiétude car la brutalité des opérations de répression, suivies de sanglantes représailles, se multiplient en France – les méthodes allemandes en Pologne occupée, notamment contre les juifs...

Les déportations organisées par les Allemands dans les ghettos polonais s'accélèrent. Les juifs sont maintenus dans des conditions sanitaires atroces. Dans les camps d'extermination, à Chelmno, Maidanek, Sobibor et Treblinka, des dizaines de milliers d'entre eux sont gazés dès leur arrivée.

Les juifs de Pologne savent donc maintenant quel destin leur réservent les nazis. De nombreux occupants des ghettos cherchent à s'enfuir et se regroupent, lorsqu'ils y parviennent, en groupes de partisans dans les forêts. De là, ils cherchent à provoquer l'organisation de la résistance à l'intérieur des quartiers réservés aux juifs.

Mais ils ont du mal à se procurer des armes, tant à cause de la surveillance étroite qu'exercent les SS, qu'en raison d’un certain antisémitisme de la majorité de la population polonaise. Pourtant, la première tentative des SS, en janvier, pour “nettoyer” le ghetto de Varsovie se heurtera à une vive résistance armée.

Entre-temps, le mouvement de rébellion s'est étendu : Il regroupe des hommes, des femmes, des jeunes garçons et filles, souvent équipés d'armes de confection artisanale et de grenades. A l'intérieur du ghetto, rares sont ceux qui possèdent un pistolet, un fusil et des munitions.

Le 19 avril, des unités SS pénètrent à nouveau dans le ghetto, pour rassembler les 60.000 juifs restants. Une résistance très décidée les accueille. N'ayant rien à perdre, les juifs se lancent sur les troupes SS. Chaque rue, chaque maison, et même les galeries des égouts, sont défendues pied à pied contre les blindés, l'artillerie et les lance-flammes.

Plutôt que de se livrer, nombreux seront ceux qui se laisseront brûler dans leurs maisons !

Or, personne ne viendra en aide aux combattants du ghetto… Ni parachutages alliés… Ni secours des Russes !

En effet, d’une manière tout à fait surprenante, les armées soviétiques pourtant parvenues à quelques kilomètres de Varsovie, reçoivent l’ordre de stopper leur progression... Nouvel exemple du machiavélisme stalinien ?

Les horreurs de la guerre dépassent en dimension tout ce que l’on n’avait jamais pu imaginer jusqu’alors !

C’est ainsi qu’en avril 1943, à propos du charnier contenant les restes de 4000 officiers polonais découvert près de Katyn, une commission d'enquête de la Croix-Rouge internationale réunie par les Allemands, avait établi que les victimes avaient été exécutées avec des munitions allemandes, mais que les meurtres avaient eu lieu avant l'entrée des Allemands dans la région !

Pourtant le gouvernement polonais en exil à Londres, exigeait depuis longtemps que le gouvernement soviétique l'informe de ce qui était advenu des prisonniers faits par les divisions rouges en 1939.

Une très vive controverse se fera jour, qui se terminera par la rupture des relations entre l'URSS et le gouvernement polonais en exil.

En conséquence, Staline décide de fonder des comités nationaux polonais à Moscou, avec lesquels il met sur pied une armée polonaise ! Désormais, la malheureuse Pologne sera tiraillée entre deux autorités, l’une à Londres, l’autre en U.R.S.S. !

La radio allemande annonce le 19 avril, qu’après quatre semaines de combat, la résistance du ghetto de Varsovie a cessé. Le général SS Stroop précise que ses unités ont tué 56 065 juifs ! Ce chiffre inclut ceux qui ont préféré brûler avec leur logis ou se jeter dans la rue, et ceux qui sont morts au cours de leur fuite dans les égouts.

Les SS se félicitent de n'avoir que 16 tués et 90 blessés.

Le ghetto de Varsovie n'est plus que ruines, il ne reste plus un seul de ses 60.000 habitants...


En Libye, les opérations militaires tournent à l'avantage des Alliés. La jonction de l’armée britannique, commandée par le maréchal Montgomery, avec les troupes anglo-américaines renforcées de détachements français, commandées par les généraux Alexander et Leclerc, est parvenue à faire capituler les forces de l'Axe au Cap Bon, à l’extrême est de la Tunisie.

Le général Giraud, - soutenu par Roosevelt qui se méfie de de Gaulle - fait une entrée solennelle à Tunis, à la tête des forces françaises, et il nomme le général Mats résident général.

L'effondrement des forces allemandes aidées par les contingents italiens qui depuis deux ans, avaient mis en difficulté l'offensive britannique, confirme la libération de l'Afrique du Nord.


L'aviation britannique vient de lancer une offensive contre les barrages de la Ruhr, dans les vallées de la Môhne et de l'Eder. Le 17 mai, quinze bombardiers Lancaster spécialement équipés de bombes de six tonnes ( !), ont réussi à détruire ceux ci, causant la mort de 1500 personnes, dont plusieurs centaines prisonniers de guerre qui y travaillaient.


La guerre sous-marine connaît un véritable tournant. En janvier de cette année, les sous-marins allemands avaient coulé 200.000 tonneaux dans les flottes alliées. En février, les pertes alliées s'élèveront à 360.000 tonneaux ! Par contre, en mars, depuis l’organisation des transports par convois escortés par des unités de la marine de guerre, les U-Boot n’ont plus coulé que 21 navires, soit 140 942 tonneaux !

De plus, il devient évident que de moins en moins de sous-marins allemands parviennent à s'infiltrer dans le dispositif de surveillance des flottes alliées dans l'Atlantique. En avril, 250.000 tonneaux seront encore envoyés par le fond, mais 13 sous marins allemands, soit 12 % de leur flotte, les y accompagnent.

On connaît d’ailleurs la raison de ces pertes : Depuis le mois d'avril, les U-Boot ne peuvent plus se permettre d'émerger de nuit pour renouveler leur provision d'air, les marines alliées disposant de systèmes radar perfectionnés qui leur permettent de les localiser même dans l’obscurité.

C’est ainsi que la marine allemande perdra au mois de mai, 38 de ses 118 U-Boots partis en opération !

A la suite de cet échec, l’amiral allemand Donitz interrompra la bataille de l'Atlantique en faisant rentrer tous ses sous marins, pour leur faire procéder à des améliorations techniques.


En France, le long des voies de communication, et surtout des chemins de fer, la vraie résistance est désormais au travail : Tous les jours, en de nombreux points du territoire, des sabotages ont lieu, immobilisant les convois ennemis.

Dans certaines régions isolées du centre et des hauts plateaux du massif central, des groupes armés et bien structurés sont opérationnels. Les Allemands eux mêmes le reconnaissent, et ils sont obligés de prélever des troupes pour tenter de les réduire.

Désormais, ces « résistants » ont leur hymne. C’est le journaliste Joseph Kessel - lui-même d'origine russe - qui leur a écrit “ Le Chant des Partisans ”:“Ami, entends-tu

Le vol noir des corbeaux sur nos plaines ?

Ami, entends-tu

Les cris sourds du pays qu'on enchaîne ?

Sortez de la paille

Les fusils, la mitraille, les grenades !

Ohé les tueurs,

A la balle et au couteau, tuez vite !”


Les raids aériens de représailles alliés augmentent sans cesse en puissance. La ville de Hambourg est rasée : 80 000 bombes au phosphore et 5000 bidons de phosphore y sont lancés. Un incendie dévaste la ville, détruisant 19 kilomètres carrés de bâtiments, et faisant 30 000 victimes. Dans le port, de nombreux navires sont coulés.

Le 17, raid allié sur Essen. Du jour au lendemain, la production des gigantesques usines Krupp baissera de 65 % !

14 août. Sous le nom de code de “Quadrant” se tient une conférence secrète entre Churchill et Roosevelt à Québec. Les deux principaux chefs alliés doivent envisager l'évolution de la guerre contre l'Allemagne. Le débarquement en France -l'opération “Overlord” - est considéré maintenant comme prioritaire, et les deux hommes d'Etat se mettent d'accord pour en accélérer la préparation.

Mais auparavant, les plans de Eisenhower pour des opérations en Méditerranée sont approuvés : Les forces alliées effectueront auparavant un débarquement sur la péninsule italienne, afin d'y ouvrir un troisième front, l'objectif étant la capitulation sans conditions de l'Italie.

La concurrence entre les deux chefs de la France libre : Le général Giraud reconnu par les américains, et de Gaulle, s’exacerbe. Ce dernier intrigue, assuré de l’appui des soviétiques. Il marque un point en faisant rapatrié de Fort de France en Martinique, les réserves d’or de la banque de France, qu’il entrepose à Alger.

Coup de théâtre, le 26 août. L'URSS reconnaît officiellement De Gaulle comme Président du Comité français de Libération Nationale ! Cette décision contraint les Etats-Unis et la Grande Bretagne au même geste. Le CFLN devient donc le seul véritable gouvernement provisoire de la France.

Le général de Gaulle triomphe ! Il précise aussitôt que le général Giraud ne fait plus partie du gouvernement...


Dans la nuit du 17 au 18 août, 600 avions de la RAF bombardent les installations de Peenemünde, dont tout le monde ignorait jusqu’alors l’existence….

Depuis 1937, sur cette base située dans l'île d'Use en Baltique, sont expérimentés des engins propulsés par réaction. Quatre mille techniciens allemands, mettent au point des bombes volantes dont les essais se révèlent concluants.

En juillet 1943, Hitler donne priorité à ces recherches. Les photos aériennes de la RAF révèlent la présence de rampes de lancement, et d'engins semblables à des torpilles...

A la suite de ce bombardement, usines et techniciens sont transférés dans les abris souterrains du Harz, mais les essais continuent en Pologne.

Retour au sommaire <-- --> Chapitre suivant


Maurice NONET
Dernière modification le : March 02 2007 13:52:59.
Site réalisé par Sébastien SKWERES
Valid XHTML 1.0 Transitional